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Cent-deux ans après l'Armistice de 1918, l'entrée au Panthéon de Maurice Genevoix, inoubliable chroniqueur de l'horreur des tranchées, sera le fait marquant du 11 novembre commémoré cette année en plein confinement.
Cette cérémonie, qui clôturera le centenaire de la Grande Guerre, commencera par le traditionnel hommage au Soldat Inconnu sous l'Arc de Triomphe, en petit comité de 30 personnes maximum.
Emmanuel Macron célèbre cette année le centenaire de l'inhumation du Soldat inconnu, décidée en 1920 à l'initiative du parlement.
Sous l'Arc seront placés les huit étendards des régiments qui ont connu des morts au combat depuis le dernier 11 novembre, ainsi que l'étendard du 106e régiment d'infanterie, celui de Maurice Genevoix et de "ceux de 14" décrits par l'écrivain.
La commémoration se poursuivra à 18H00 par l'entrée au Panthéon de la dépouille de Maurice Genevoix, que le président s'était engagé durant son "itinérance mémorielle" de 2018 à faire inhumer dans la nécropole laïque des "grands hommes" de la République.
Avant le Panthéon, le cercueil de Genevoix, qui était jusque là enterré au cimetière de Passy à Paris, a été exposé ce week-end aux Eparges, près de Verdun, là où il fut grièvement blessé en 1914. Le cercueil devait ensuite passer la nuit de mardi à mercredi à l'Ecole normale supérieure à Paris, dont Maurice Genevoix a été l'élève avant d'être mobilisé.
Il rejoindra enfin dans la crypte les 70 hommes et 5 femmes inhumés dans le bâtiment, symbolisant l'entrée avec lui des Poilus de la Grande Guerre.
Sa panthéonisation sera célébrée à la fois en extérieur, avec une illumination de la façade en l'honneur de l'auteur, mais aussi à l'intérieur de la crypte, où seront inaugurées six sculptures du plasticien allemand Anselm Kiefer, les premières nouvelles oeuvres installées au Panthéon depuis un siècle.
En accompagnement sonore, une oeuvre du musicien Pascal Dusapin, mêlant un choeur et l'enregistrement de 15.000 noms de soldats morts durant la guerre, représentatifs de tous ceux tombés au combat. Soixante-dix haut-parleurs ont été disséminés dans le Panthéon, créant un mouvement du son inédit.
Emmanuel Macron, qui veut faire du Panthéon le "temple de notre spiritualité républicaine", a décidé pour cette panthéonisation de passer "une commande publique d'une ampleur exceptionnelle" -un million d'euros environ- auprès de "deux artistes profondément européens", explique l'Elysée.
Le président terminera par un discours où il devrait mettre l'accent sur la "résilience", la capacité des Français à surmonter les tragédies, comme un fil rouge entre 1914 et les "épreuves" actuelles que sont l’épidémie de coronavirus et les attaques terroristes de ces dernières semaines.
- De 1914 à 2020 -
"Le président de la République tient beaucoup à ce qu'on honore les héros à hauteur d'hommes, qui n'ont jamais flanché dans l'épreuve et ont fait bloc", une occasion de "créer une histoire, un imaginaire commun", selon son entourage.
"Entre ceux de 14 et ceux de 2020, la continuité c'est que les démocraties affrontaient les empires, en 2020, les démocraties affrontent la pandémie, le séparatisme, le terrorisme. Mais au fond, on se bat pour les mêmes valeurs", selon l'Elysée
C'est dans ce même esprit qu'Emmanuel Macron commémorait lundi à Colombey-les-deux-Eglises le 50e anniversaire de la mort du Général de Gaulle, qui incarnait, comme il l'a tweeté, "Résilience et volonté", "dans les moments de douleurs comme dans ceux de gloires".
Ce doublé mémoriel permet au chef de l'Etat de mettre en avant des figures de héros consensuels, ce qu'il juge indispensable en cette période de crise.
"Ces séquences ont été maintenues malgré la pandémie car le président considère qu'il est important de maintenir les grands moments de communion nationale et de rassembler les Français en tant que nation", conclut l'Elysée.
Depuis le début de la pandémie, Emmanuel Macron insiste sur ce même message d'unité, face aux critiques et divisions autour de sa gestion de la crise et face à un niveau de méfiance toujours très élevé.