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"Poulet manipulé génétiquement": pour interdire à L214 d'apposer cette mention sur des barquettes de volaille Le Gaulois en magasin, le groupe agroalimentaire LDC a assigné mardi en référé l'association de défense des animaux.
LDC, qui commercialise les marques Le Gaulois et Maître Coq, se plaint d'être victime d'une campagne de "dénigrement" et de "désinformation" de la part de L214. Dénonçant les conditions d'élevage des poulets dits de chair, des militants de l'association de défense des animaux ont mené des actions dans 25 points de vente, où ils ont appliqué des autocollants indiquant "poulet manipulé génétiquement" sur des barquettes de volaille.
Arguant que cette campagne cause un "trouble manifestement illicite" et un dommage imminent au groupe, LDC a intenté une action en référé d'heure-à-heure (procédure d'urgence), demandant au juge de prendre des mesures rapides pour la faire cesser.
Cette action en justice contre L214 "est une première de la part de LDC qui a été d'une patience extraordinaire mais là, on a dépassé un stade", a justifié l'avocat de LDC, Antoine de Brosses, lors d'une audience au tribunal judiciaire de Strasbourg.
"A moins d'accepter qu'on se fasse justice soi-même, vous n'avez pas le droit de porter atteinte à nos produits", a martelé Me de Brosses.
L214, qui s'est fait connaître en diffusant des images choc tournées en cachette dans des élevages ou abattoirs, a été créée en 2008 et compte aujourd'hui une centaine de salariés.
L'avocate de L214, Me Caroline Lanty, a fait valoir que "depuis que l'association existe, nous avons appris des choses que nous ne savions pas".
L'objet de la campagne visant Le Gaulois est de mettre fin à de "mauvaises pratiques d'élevage", en particulier l'utilisation de souches de poulets "à croissance ultra-rapide", a-t-elle dit.
"LDC utilise pour ses poulets de chair la souche Ross 308", afin d'avoir un "poulet qui grandit plus vite, qui produit toujours plus de viande dans un temps toujours plus court", a-t-elle affirmé.
Si elle a emprunté un "ton revendicatif", l'association est "restée dans les limites de la liberté d'expression", et n'a tenu "aucun propos injurieux ou excessif", a plaidé Me Lanty. Elle a décrit une "opération assez bon enfant", s'appuyant sur des autocollants "repositionnables" qui "n'altèrent pas le produit" et "n'empêchent pas la commercialisation".
Le juge des référés rendra sa décision jeudi à 14H00.