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Au Festival d'Avignon, les "Confessions" d'Alexander Zeldin

Pour la première fois au Festival d'Avignon (Sud de la France), le metteur en scène britannique Alexander Zeldin, connu pour son attention aux plus démunis, fait le récit de l'"émancipation" d'une femme à travers les "Confessions" de sa mère.

A 38 ans, il est l'un des artistes anglais invités dans le "in" de ce grand rendez-vous du théâtre. Le nouveau directeur du Festival, Tiago Rodrigues, a souhaité, pour cette 77e édition, mettre la langue de Shakespeare à l'honneur.

Le dramaturge, associé au National Theater de Londres, ancien assistant du metteur en scène Peter Brook, est connu pour avoir mis en avant les femmes précaires dans sa pièce Beyond Caring (2014), les familles en situation d'expulsion dans Love (2016), ou encore les invisibles d'une maison de retraite avec Une mort dans la famille (2021, en français, l'artiste étant aussi associé à l'Odéon-Théâtre de l'Europe à Paris).

Dans sa pièce "The Confessions", jouée lundi, Alexander Zeldin explore une nouvelle voie: il retrace près de 70 ans de la vie d'une femme, sa mère, née dans un milieu populaire en Australie, et qui, divorcée, sympathisante du mouvement de libération de la femme, quitte son pays pour s'installer dans le Londres des années 1980.

C'est "le parcours d'une personne qui a été en lutte contre le patriarcat à tous les niveaux", une personne "contre son temps et à travers la violence des temps". Un récit d'"émancipation", déclare à l'AFP le metteur en scène.

"L'histoire est basée sur ma mère", mais "j'ai créé et écrit un personnage qui peut en raconter d'autres", poursuit le Britannique, qui a passé plusieurs heures d'entretiens avec elle, mais aussi avec des femmes âgées en Australie, militantes ou non.

- "universalité" -

"C'est évidemment très intime", mais "je voulais raconter, avec sincérité, ce qu'est vraiment la trace d'une vie" au moment où "cette personne est à la fin" de celle-ci, ajoute-t-il.

Sur scène, les "énergies différentes" de neuf comédiens sont emmenées par la musique de son ami musicien Yannis Philippakis, chanteur du groupe de rock anglais Foals.

Le titre lui est apparu "comme une évidence", lui qui a appris le français à partir de 5 ans dans une école francophone en Angleterre: il a découvert "Les confessions" de Rousseau à l'âge de 15 ans. Un "livre génial, d'une énorme force", confie-t-il.

"J'essaie de faire des choses concrètes qui touchent vraiment à la vie", affirme le dramaturge. Lui qui se dit "le plus francophile des Britanniques" s'inspire aussi d'Annie Ernaux, prix Nobel: elle nous "montre comment une écriture très personnelle peut trouver une universalité", juge-t-il.

"L'objectif, c'est toujours d'utiliser le théâtre pour me rapprocher de ce qui me semble essentiel et ce qu'on refuse de voir".

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