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Avant l'entrée mercredi au Panthéon du résistant Missak Manouchian et celle prochaine de Robert Badinter, annoncée le 14 février par Emmanuel Macron, le président de la République a déjà fait accueillir trois grandes figures dans ce temple républicain: Simone Veil, Maurice Genevoix et Joséphine Baker.
Le poète et ouvrier arménien immigré en France Missak Manouchian fera son entrée au Panthéon lors d'une cérémonie programmée le 21 février, 80 ans jour pour jour après son exécution par les Allemands au Mont-Valérien. Il sera accompagné de sa femme, Mélinée Manouchian, également résistante d'origine arménienne, qui lui survécut 45 ans. Entreront aussi au Panthéon de façon symbolique, avec une inscription de leur nom, 23 de ses compagnons d'armes fusillés pour la plupart à ses côtés.
Lors de l'hommage à Robert Badinter, décédé dans la nuit du 8 au 9 février à 95 ans, Emmanuel Macron a annoncé que le nom de l'ancien garde des Sceaux socialiste, père de l'abolition de la peine de mort en France, devrait "s'inscrire" au Panthéon, "aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France".
Sous la Ve République, le chef de l'Etat est seul décisionnaire en matière de panthéonisation.
- Simone Veil (1er juillet 2018) -
Les droits des femmes avec la légalisation de l'avortement, l'Europe et la Shoah... L'entrée de cette figure de la vie politique française et européenne, rescapée d'Auschwitz, est une évidence pour tous. L'annonce est d'ailleurs faite en un temps record: cinq jours seulement après sa mort, survenue le 30 juin 2017...
La famille ne voulant pas qu'elle soit séparée de son mari Antoine, Emmanuel Macron accepte que les époux Veil soient ensemble au Panthéon.
Cela a déjà été le cas en 1907, avec la première femme inhumée au Panthéon, Sophie Berthelot, simple conjointe de son illustre époux, Marcelin.
"Nous avons voulu que Simone Veil entre au Panthéon sans attendre le passage des générations pour que ses combats, sa dignité, son espérance restent une boussole dans les temps troublés que nous traversons", déclare M. Macron dans son discours d'accueil le 1er juillet 2018.
Avec elle, insiste-t-il, "c'est la mémoire de 78.500 juifs et tziganes déportés de France qui entre et vivra en ces lieux".
- Maurice Genevoix (11 novembre 2020) -
Avec l'ancien Poilu et écrivain mort en 1980, chroniqueur de l'horreur des tranchées de la Première Guerre mondiale, ce sont "tous ceux de 14", ces "héros ordinaires", qu'Emmanuel Macron entend honorer.
La cérémonie a lieu 102 ans jour pour jour après l'Armistice du 11 novembre 1918, en plein nouveau confinement lié à l'épidémie de Covid-19.
"Ils sont là, ceux de 14", qui "arrivent par millions pour entrer sous le dôme" de ce "temple des héros de notre patrie", lance le chef de l'Etat en saluant "un destin républicain" et "une existence française".
- Joséphine Baker (30 novembre 2021) -
"Me revoilà Paris !" La star du music-hall, résistante et militante antiraciste franco-américaine Joséphine Baker est la première personnalité noire et la première artiste à rejoindre le Panthéon. Et la 6e femme seulement, sur 81 sépultures !
Emancipation, droits des femmes, droits civiques, elle est l'incarnation des combats du XXe siècle.
"Ma France, c'est Joséphine", salue Emmanuel Macron. "Sa cause était l'universalisme, l'unité du genre humain. L'égalité de tous avec l'identité de chacun. L'hospitalité pour toutes les différences réunies par une même volonté, une même dignité. L'émancipation contre l'assignation".
C'est un cercueil vide qui pénètre sous la coupole du Panthéon, sa dépouille étant restée dans le caveau familial à Monaco.
- Les "recalés" -
D'autres noms ont circulé depuis l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron en 2017 mais ils ont fait débat, voire suscité des polémiques.
C'est le cas, dernièrement, de l'avocate Gisèle Halimi, figure du féminisme et de l'anticolonialisme mais jugée moins consensuelle que Joséphine Baker.
En 2021, malgré une pétition en ce sens, Emmanuel Macron rejette l'idée d'accueillir le poète maudit Arthur Rimbaud au Panthéon, respectant ainsi l'opposition de sa famille qui ne souhaitait pas son entrée conjointe avec Paul Verlaine, un temps son amant.