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Le gigantesque ballon s'élève dans la nuit, avant d'exploser dans un feu d'artifice spectaculaire : dans le centre de la Birmanie, des milliers de fidèles se sont réunis dimanche pour un rituel bouddhiste populaire, une parenthèse colorée dans le conflit sanglant qui ravage le pays.
La pleine lune qui marque la fin de la saison des pluies, baptisée "Tazaungdaing" ou festival des lumières, n'avait plus été célébrée à Pyin Oo Lwin depuis deux ans, en raison de la pandémie et du coup d'Etat de février 2021.
Lanternes, feux d'artifice, ballons... L'évènement reste synonyme de fête en Birmanie, malgré la répression violente qui a suivi le putsch de la junte.
A Pyin Oo Lwin, des ballons d'air chaud se sont élevés dans la nuit fraîche, révélant des images de Bouddha et des motifs colorés plus ou moins traditionnels, comme un ours blanc.
Un jury doit départager les 76 ballons qui s'envoleront durant les cinq jours de festivités, pour consacrer le plus beau, celui qui volera le plus haut ou le plus longtemps.
Une fête foraine et un spectacle de danse traditionnelle accompagne l'évènement joyeux, loin de l'actualité sanglante d'un conflit civil qui a tué entre 2.400 et 4.000 personnes en près de deux ans.
"Nous organisons le festival ici mais nous sommes désolés pour ce qui se passe ailleurs", lance Aung Myat Thu, 37 ans, qui a travaillé durant des mois avec ses amis pour concevoir un des ballons.
"Quand nous nous préparions pour le concours, nos inquiétudes nous accompagnaient", poursuit-il.
Si la célébration de Tazaungdaing est ancrée dans la tradition bouddhiste, le concours de ballons a été apporté à la fin du 19e siècle par les Britanniques, ancienne puissance coloniale dans le pays.
Ces dernières années, des dizaines de milliers de curieux birmans et étrangers ont assisté aux célébrations, connues aussi bien pour ses couleurs que le danger qu'elles représentent.
Les ballons sont chargés de feux d'artifice qui peuvent provoquer une catastrophe en cas d'explosion prématurée.
L'incident le plus grave remonte à 2014, quand trois spectateurs avaient été tués dans la chute d'un ballon sur la foule, à Taunggyi (centre).
Tin Mar Lwin, 41 ans, était rayonnante après le décollage réussi de son ballon, à l'effigie de Bouddha, en méditation sur une feuille de lotus.
"Je veux que la situation soit stable comme ça", a-t-elle expliqué à l'AFP.
"Je veux la paix. Je l'espère de tout mon coeur. Je suis heureuse d'être à cet événement."