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Nommée ministre de la Culture du gouvernement Attal, Rachida Dati prend soin de ménager son parti historique, Les Républicains, dont les dirigeants demeurent flous quant à la manière de traiter cette figure sarkozyste, toujours populaire à droite.
"Elle se place en dehors de notre famille politique. Elle ne fait désormais plus partie des Républicains". Ce 11 janvier, le patron de LR, Eric Ciotti, se voulait implacable après l'annonce de l'entrée au gouvernement de la maire du VIIè arrondissement de Paris, furieux d'une énième "prise de guerre" des macronistes dans ses rangs toujours plus dégarnis.
Un mois plus tard, la sanction promise n'est pourtant pas si claire: le cas Dati n'a pas été évoqué, en début de semaine, par le bureau politique du parti. Toujours membre de LR? "Il n'y a pas besoin d'exclusion (...)Pour être membre d'un parti politique il faut y adhérer. Elle n'est plus adhérente en 2024, il n'y a pas besoin de procédure particulière", a justifié jeudi sur TF1 Eric Ciotti.
La nouvelle locataire de la rue de Valois a par ailleurs détonné, mardi, en expliquant que "les mesures qu'(elle) souhaite mettre en œuvre, c'est le programme des Républicains", lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
La sortie faisait écho avec les louanges tressées par l'ex-ministre de la Justice à son ancien collègue de gouvernement d'il y a plus de quinze ans, Laurent Wauquiez.
Il y a une dizaine de jours, à Clermont-Ferrand, Rachida Dati avait considéré le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes "très responsable", en estimant qu'il avait "fortement investi dans la culture".
Dans un entretien à Nice-Matin, celui qui peine à dissimuler ses ambitions élyséennes a reconnu que ce soutien lui avait fait "plaisir", en notant qu'ils partageaient tous les deux "la même bataille du rééquilibrage" des subventions culturelles entre les territoires.
Un proche de M. Wauquiez décrypte: "Il anticipe une situation dans quelques mois où il sera amené à réunir des gens différents..."
- Recomposition -
Derrière ces échanges d'amabilités, la candidate malheureuse de 2020 à la mairie de Paris s'emploie ainsi à ne pas insulter l'avenir.
A deux ans d'une nouvelle échéance municipale dans la capitale, elle a pu s'enorgueillir de conserver nombre de soutiens parmi le groupe LR de l'hémicycle parisien, qu'elle dirigeait il y a encore un mois.
L'hôtel de ville à tout prix? Après sa nomination au ministère de la Culture, Rachida Dati avait d'abord indiqué qu'elle entendait être à nouveau candidate à la succession d'Anne Hidalgo en 2026.
Mais elle avait ensuite dû rapidement démentir tout accord avec Emmanuel Macron sur la question, soucieuse de décorréler son entrée au gouvernement d'une éventuelle investiture macroniste.
Car le sujet reste sensible chez les macronistes parisiens: le patron de la fédération de la capitale, Sylvain Maillard, martèle qu'il est favorable à une "désignation du candidat par les militants de Renaissance, d'Horizons et du MoDem".
Et, poursuit un hiérarque, "notre seule chance pour gagner, c'est de rassembler hyper large, avec un candidat recouvrant tout l'arc de la majorité présidentielle". Jusqu'à pousser vers LR? En privé, plusieurs macronistes plaident désormais pour un accord avec le parti gaulliste, a fortiori si un projet de loi de modification du mode d'élection à Paris, Lyon et Marseille, afin de l'aligner avec celui des autres communes, devait voir le jour.
"Il y aura une recomposition locale, mais il n'y en aura pas forcément une au niveau national", anticipe néanmoins un ponte de LR, jugeant illusoire toute alliance entre son parti et la macronie, plus que jamais empêchée par une majorité seulement relative à l'Assemblée nationale.
Eric Ciotti avait d'ailleurs affirmé que le Premier ministre lui avait confié, lors du remaniement, que "Rachida Dati, c'est pas LR, c'est une marque que l'on a achetée".
Reste que la tête de gondole Dati demeure populaire, y compris chez Les Républicains: sa cote a progressé "notamment auprès des sympathisants Renaissance (39%, +29 points en un mois) sans perdre auprès de ceux qui se positionnent à droite (35%, +5)", note l'institut Verian-Epoka dans son baromètre.
La preuve, jugent plusieurs pontes de la majorité, que le phénomène Dati peut faire bouger les lignes. Et toujours mieux arrimer, à défaut du parti, l'électorat de droite à la macronie.