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En quête de rentabilité pour ses plateformes de streaming, dont Disney+ qui a perdu des abonnés pour la première fois de son histoire, Disney a annoncé mercredi le licenciement de 7.000 personnes.
"Bien que ce soit nécessaire pour faire face aux difficultés actuelles, je ne prends pas cette décision à la légère", a indiqué le directeur général Bob Iger lors d'une conférence téléphonique.
Disney+ compte désormais 161,8 millions d'abonnés dans le monde, après en avoir perdu 2,4 millions pendant les trois derniers mois de 2022.
C'est la première fois depuis le lancement du service de streaming fin 2019 qu'il ne gagne pas des millions de nouveaux spectateurs au cours du trimestre écoulé.
"Son ascension météorique est considérée comme l'un des déploiements les plus réussis de l'histoire des médias", s'est félicité Bob Iger, qui a lancé le service avant de céder la place à Bob Chapek en 2020, après quinze ans aux commandes.
Disney lui a demandé en novembre de reprendre ses fonctions, notamment pour s'attaquer aux problèmes de rentabilité des plateformes.
"Il est temps de mener à bien une autre transformation, pour rationaliser notre formidable activité de streaming et la mettre sur la voie de la croissance durable et de la rentabilité", a détaillé Bob Iger, évoquant la nécessité de "réduire les coûts" et "d'améliorer les marges".
Il a ensuite annoncé le plan social. Le groupe américain employait 190.000 personnes dans le monde en 2021, dont 80% à temps plein, selon son rapport annuel de cette année-là.
- Profits -
Les investisseurs se sont montrés rassurés: l'action Disney a décollé jusqu'à 8%, avant de se stabiliser à 6% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
Le marché a accueilli de façon positive les performances financières de Disney pour la période d'octobre à décembre, publiées dans un communiqué mercredi.
Le royaume enchanté a réalisé un chiffre d'affaires trimestriel de 23,5 milliards de dollars, mieux qu'espéré par les analystes.
Surtout, les pertes opérationnelles de ses plateformes de streaming (Disney+, ESPN+ et Hulu) sont ressorties moins élevées qu'attendu, à 1 milliard de dollars.
Le groupe vise la rentabilité pour Disney+ en 2024.
Les plateformes de streaming ont connu des croissances flamboyantes pendant des années, encore amplifiées par la pandémie, avant d'être rattrapées par la crise économique et la concurrence effrénée pour l'attention du public.
"La croissance des abonnés ne sera pas linéaire à chaque trimestre", avait prévenu en novembre Christine McCarthy, directrice financière de Disney, alors que la plateforme star venait de gagner 12 millions d'abonnés en un trimestre.
Netflix, le vétéran et leader du secteur, a connu un premier semestre difficile en 2022 en perdant près de 1,2 million d'abonnés, avant de rebondir cet automne et cet hiver. La plateforme compte plus de 230 millions d'abonnés payants mais son bénéfice net annuel a baissé de 12% à 4,5 milliards.
Les applications de streaming font le même constat que des réseaux sociaux comme Snapchat, Facebook ou Instagram: les gains en utilisateurs ne se traduisent plus automatiquement en gains financiers.
- "Pouvoir" -
Netflix et Disney ont donc lancé en décembre de nouveaux abonnements moins chers, avec de la publicité, pour attirer encore plus de spectateurs et surtout pour diversifier leurs sources de revenus.
Disney+ en a profité pour augmenter ses prix, à 10,99 dollars par mois aux Etats-Unis pour son abonnement de base sans pub, contre 7,99 dollars par mois avec la pub.
"Dans notre zèle pour séduire les spectateurs, je pense que nous sommes allés trop loin", a remarqué Bob Iger, évoquant des prix trop bas auparavant.
Il a répété que le streaming était "l'avenir", et la "priorité numéro un" de Disney, mais précisé qu'il n'allait pas abandonner les chaînes de télévision et les cinémas "tant qu'elles restent bénéfiques pour nous et nos actionnaires".
Le patron emblématique a aussi mentionné le "pouvoir sans précédent" que l'ère des plateformes donne aux consommateurs qui peuvent s'abonner pour voir un programme "pour une toute petite somme" et se désabonner facilement ensuite.
Fortes de leur succès, les plateformes semblent essayer de reprendre le contrôle après des années de laxisme, Netflix en tête.
Le pionnier du secteur a lancé une campagne pour empêcher ses abonnés de partager leurs identifiants au-delà du foyer.
Mercredi, le groupe californien a annoncé mercredi dans un communiqué la mise en place de sa nouvelle politique au Canada, en Nouvelle-Zélande, au Portugal et en Espagne.
Dans ces pays il faudra désormais débourser quelques dollars de plus pour ajouter des utilisateurs ne vivant pas sous le même toit.