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Gaspard Ulliel, un adieu sur grand écran

La mort l'a fauché en janvier, à 37 ans. Moins d'un an après, Gaspard Ulliel fait une apparition posthume en forme d'adieu pudique, grave et lumineux, dans "Plus que jamais", en salles mercredi.

Hasard du sort, c'est dans un drame sur la fin de vie, que cet acteur apprécié du public et estimé de la profession, emporté par un accident de ski en Savoie lors de vacances en famille, apparaît pour la dernière fois.

Lors de son décès, le film était en fin de montage. Il a depuis été présenté en mai avec une immense émotion lors du Festival de Cannes (Un Certain Regard).

"La nouvelle, horrible, est arrivée à la fin du montage", à un moment "où on est tellement proche de l'acteur, dont on connaît chaque souffle" pour se repasser chaque plan de nombreuses fois à l'écran, se remémore avec émotion la réalisatrice Emily Atef.

Au coeur du film, un couple soudé, Hélène (Vicky Krieps) et Matthieu (Gaspard Ulliel), mis à l'épreuve par la maladie: condamnée par un grave problème pulmonaire, Hélène hésite à se soigner avant de refuser la greffe qui pourrait peut-être la sauver.

Sur un coup de tête, elle part seule en Norvège, près d'un fjord, après avoir échangé avec un inconnu tenant un blog sur lequel il évoque son cancer.

Une décision incompréhensible pour Matthieu, qui ne parvient pas à se faire à l'idée de son départ, et encore moins à celle de sa mort.

- "Humble, concentré et drôle" -

Peut-on choisir sa mort ? Doit-on quelque chose à ceux qui restent ? En refusant de se soigner, Hélène choisit-elle son destin ou renonce-t-elle à la vie ? Le film pose ces questions difficiles avec une grande pudeur, privilégiant la beauté des paysages, une lumière superbe et la sensualité émanant de ses interprètes.

Dans ce coin retiré de Norvège, où se déroule la moitié du film, Hélène se reconnecte avec la nature et apprend à accepter la suite des évènements.

"Mon espoir, c’est que ce que les gens prennent le plus du film, c’est ce sentiment de la nature, sentir que dans la nature c’est l’endroit où on retrouve tout et on se sent le plus connectés avec tout, que tout fait un", a déclaré à l'AFP Vicky Krieps. Gaspard Ulliel, "lui aussi, maintenant, va faire partie de ça. La nature soigne tout", espère-t-elle.

L'actrice luxembourgeoise, révélée dans "Phantom Thread" avec Daniel Day-Lewis, garde un souvenir très ému de ce tournage, en équipe très réduite d'une dizaine de personnes, dans la Norvège sauvage en pleine pandémie.

"La lumière était à couper le souffle", confirme la réalisatrice Emily Atef, dans un entretien à l'AFP. "C'était super beau : Gaspard était avec nous en Norvège. C'était très, très, joyeux. On dormait peu, on était toujours dehors ensemble".

Au film, Gaspard Ulliel, qui avait obtenu le César du meilleur acteur en 2017 pour "Juste la fin du monde" de Xavier Dolan et restera dans l'esprit de beaucoup le Saint Laurent de Bertrand Bonello, a offert "la justesse de son jeu, lumineux et en même temps très profond. C'était un être super humble, concentré et aussi très drôle", aime-t-elle se souvenir.

Sa mort "montre qu'il faut vraiment vivre sa vie et parler des choses pendant qu'on est là", philosophe-t-elle.

Des pensées qui rejoignent, quelque part, le sujet du film: "la seule chose que l'on sait", sur la destinée humaine, "c'est qu'on va quitter cette terre", souligne Emily Atef. "Chaque être humain a le droit de choisir comment mourir. C'est important qu'on en parle parce que ça va tous nous arriver", poursuit-elle. "C'est beau quand une personne part comme elle le veut".

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