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Les écrivains Frédéric Beigbeder et Benoît Duteurtre ont été tous deux recalés jeudi lors d'une élection à l'Académie française, alors qu'ils espéraient chacun rajeunir cette assemblée.
Aucun des candidats n'a réussi à rassembler la majorité absolue des 25 votants lors des quatre tours de scrutin.
C'est la deuxième fois consécutive qu'a lieu une "élection blanche" sur le fauteuil 19, précédemment occupé par l'écrivain Jean-Loup Dabadie, mais aussi Boileau, Chateaubriand, Paul Deschanel ou René Clair.
Benoît Duteurtre, 62 ans, qui avait présenté sa candidature dès la fin juin, partait favori. Alors qu'il lui fallait 13 voix, il en a obtenu 11 lors des premier et quatrième tours, et 10 lors des deuxième et troisième tours.
Frédéric Beigbeder, 57 ans, qui s'est posé en rival mi-octobre, a moins rassemblé. Après 7 voix au premier tour, il a grimpé à 9 au deuxième, avant d'en obtenir 8 aux troisième et quatrième.
Entre ces deux hommes d'une même génération, c'est une "joute fratricide", écrivait Le Figaro au moment où le second s'était lancé.
"Ils risquent de se neutraliser", estimait un des académiciens interrogés par le quotidien, sous couvert de l'anonymat. Une prédiction qui s'est révélée juste.
Tous deux ont été pénalisés par les blancs (1 au premier tour), et blancs marqués d'une croix (4 aux premier et deuxième tours, puis 5).
Une autre élection blanche en mai avait abouti à recaler deux journalistes, Franz-Olivier Giesbert et Olivier Barrot. Les deux n'ont pas posé de nouvelle candidature dans l'immédiat, mais peuvent toujours le faire ultérieurement.
Sept autres candidats se présentaient jeudi.
Eduardo Pisani, chanteur sous le nom d'Eduardo, a obtenu une voix à chaque tour pour sa 17e candidature. Il tente de battre le record d'Émile Zola, recalé 25 fois.
Le poète Éric Dubois a obtenu une voix lors des trois premiers tours, puis aucune au dernier.
Il reste quatre autres fauteuils à pourvoir à l'Académie française, à une date qui reste à déterminer.
L'élection à l'Académie française permet de siéger jusqu'à la fin de ses jours, dans une assemblée fondée en 1635 avec pour mission de défendre la langue française et de rédiger un dictionnaire.
Ses membres tiennent donc à choisir des académiciens avec qui ils sont certains de s'entendre durablement.
L'institution, dont le prestige a décliné ces dernières décennies, est la cible de nombreuses critiques pour son conservatisme et son manque de compétence pour juger des questions linguistiques.