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"Le carnaval est là", selon l'expression consacrée. Le coup d'envoi officiel a été donné vendredi avec la remise des clés de la ville au roi Momo, le monarque jovial qui symbolise l'irrévérence de cette fête baroque.
"La prise de pouvoir faite avec cette joie, cette énergie et tout cet amour (...) sera toujours la bienvenue dans ce pays", a lancé le maire de Rio, Eduardo Paes, lors d'une cérémonie haute en couleurs.
Ces derniers jours, les "blocos", ces cortèges musicaux tantôt modestes, tantôt énormes, se sont répandus dans la ville, drainant des foules aux déguisements improbables venues se déhancher sur des rythmes variés, ivres de joie et de bière.
Mais, comme chaque année, à côté du carnaval de rue, la fête va culminer avec les défilés somptueux au Sambodrome, mythique enceinte aux 70.000 places. Signé par l'architecte brésilien Oscar Niemeyer, le monument de béton fête ses 40 ans.
La samba, elle, est centenaire. Et cette musique inventée par les communautés descendantes des esclaves africains conduits de force au Brésil est toujours aussi créative, et explosive.
Chars monumentaux, danseuses et danseurs aux costumes étincelants, sections rythmiques fracassantes défendront les couleurs de leur école dans une compétition féroce.
Au-delà des performances, le carnaval témoignera encore aussi de sa pertinence politique et sociale.
Au programme : exaltation de figures noires parfois méconnues, de traditions plongeant leurs racines en Afrique mais aussi honneur rendu aux communautés indigènes.
L'école Salgueiro célébrera ainsi la résistance des Yanomami, peuple d'Amazonie vivant une grave crise humanitaire causée par l'orpaillage clandestin.
Le drame a atteint des proportions terribles sous le président d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), son successeur de gauche Luiz Inacio Lula da Silva peine à renverser la situation.