Partager:
Face au refus d'Indochine et Louise Attaque de se produire dans la principale ville de France dirigée par le Rassemblement national, le festival de musique Les Déferlantes a renoncé mardi à organiser son édition 2023 à Perpignan.
Alors qu'ils avaient prévu d'installer le festival à Perpignan, pour des questions de logistique et de sécurité, les organisateurs ont fait machine arrière, "contraints de renoncer à cette implantation" en raison des réactions de leur public et de l'annulation de "plusieurs artistes programmés", ont-il expliqué dans un communiqué.
"Sans artiste, pas de festival", ont-ils rappelé, annonçant se mettre "dès à présent en quête d’un nouveau lieu pour que le festival puisse se tenir dans les Pyrénées-Orientales aux dates prévues", du 6 au 9 juillet.
Le festival de musiques actuelles, créé en 2007 à Argelès-sur-Mer, station balnéaire proche de Perpignan, avait récemment annoncé déplacer son édition 2023 de la cité pyrénéenne de Céret, où il a eu lieu en 2022, à Perpignan.
- Polémique -
Ce changement de lieu, qui n'avait pas fait l'objet de concertation avec les artistes, a été décrié par certains d'entre eux. Perpignan est depuis 2020 la seule ville de plus de 100.000 habitants à battre pavillon du Rassemblement national.
Ce week-end, le groupe Indochine, connu pour son engagement contre les idées d'extrême droite, avait mis un premier coup de pression en conditionnant sa participation à la tenue de son concert "dans un autre lieu", faute de quoi il annulerait sa venue.
Une prise de position condamnée lundi par Jordan Bardella, président du RN : "quand on est artiste, on ne fait pas de la politique, on ne trie pas les gens qui viennent à ces concerts en fonction de leur opinion politique", avait-il estimé dans un entretien sur BFM-TV.
Mardi, c'est Louise Attaque qui a annoncé annuler sa venue, disant ne pas vouloir "cautionner ni la méthode du fait accompli, ni la possible récupération du festival par la mairie".
En 2022, le festival avait accueilli plus de 100.000 festivaliers durant 4 jours.
"Je regrette cette décision, on se faisait une joie de les accueillir", a réagi le maire RN de Perpignan Louis Aliot.
- "Sectarisme" -
"La sortie d'Indochine et de Louise Attaque est inqualifiable, c'est sectaire (…) Si on n'est pas d'accord avec eux, on est des ennemis. C'est une discrimination politique", estime cette figure du RN.
Contacté par l'AFP, le maire a également dénoncé des "pressions" du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales et de la région Occitanie, deux collectivités à majorité socialiste.
L'annonce du déménagement à Perpignan avait froissé la région Occitanie, un des principaux partenaires du festival via un contrat de "naming" avec Sud de France, sa marque de promotion des produits régionaux d'Occitanie.
La région dirigée par la socialiste Carole Delga avait envisagé de réduire sa contribution au festival, s'il était programmé à Perpignan.
Le festival doit accueillir de nombreuses célébrités nationales et internationales à l'instar de Sting, Bigflo & Oli, Damso, David Guetta, Lomepal, Izïa, Pomme, Rosalía ou encore Soprano.
Les organisateurs du festival ont précisé dans leur communiqué avoir déjà "commencé à étudier certaines pistes" et se donner "quelques semaines pour finaliser" leur choix, promettant d'ouvrir alors "une procédure de remboursement pour celles et ceux qui le souhaiteront".
Certains festivaliers avaient également manifesté leur mécontentement de voir le festival quitter Céret, pointant la différence de cadre entre le château néo-barroque d'Aubiry, théâtre de l'édition 2022, et le parking du parc des expositions de Perpignan.
Une pétition en ligne "Non aux Déferlantes à Perpignan" avait été lancée vendredi et recueillait mardi plus de 1.200 signatures.