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Léon Gautier, le dernier héros français du Débarquement du 6 juin 1944

Léon Gautier, dernier des 177 Français à avoir débarqué le 6 juin 1944 en Normandie, continue, à 100 ans, à se battre humblement, pour la paix et la mémoire de ses camarades du commando Kieffer.

Il remettra mardi avec Emmanuel Macron les bérets verts aux élèves ayant réussi leur stage commando à la commémoration annuelle de l'Ecole de fusiliers marins à Colleville-Montgomery, où il a débarqué il y a 79 ans.

Le temps passe mais Léon Gautier ne rate jamais une occasion, coiffé de son béret vert, d'inviter la jeunesse à "se battre pour la paix", comme le 27 octobre dernier à l'occasion d'une cérémonie pour son centième anniversaire.

"Ça fait plus de 70 ans depuis le Débarquement... C'est un souvenir qu'on n'oublie pas", avait déclaré le vétéran aux journalistes sous les applaudissements.

"La plus mauvaise chose qu'on puisse voir, c'est une guerre. Parce qu'on tue des gens en face qui n'ont jamais rien fait, qui ont une famille, des enfants. Tout ça pour arriver à quoi?", avait ajouté le Grand Officier de la Légion d'Honneur, habillé en costume cravate sur son fauteuil roulant.

"Le 6 juin, on a libéré 1,8 km de plage et on a parcouru 19 km dans la journée. Puis on a passé 78 jours et 78 nuits en première ligne dans une tranchée", expliquait en mai 2014 cet homme toujours accueillant.

Léon Gautier n'a jamais oublié le "copain", tombé ce jour-là à quelques mètres de lui, "le haut de la tête arraché" durant une contre-offensive allemande, comme il l'avait raconté à une journaliste de l'AFP qu'il avait reçue chez lui.

- Admirateur de Churchill -

Et pourtant, au lendemain de la guerre, "j'ai été démobilisé sans un sou, sans rien. Tous les Français libres étaient dans la même situation", confiait sans amertume celui qui s'était engagé dans la Marine française en février 1940.

A 17 ans, sous l'influence notamment d'une famille "anti-boches" qui avait perdu certains des siens durant la Première guerre mondiale, il avait rallié Londres et de Gaulle en juillet, après l'Armistice, avant d'aller se battre au Cameroun, au Congo, en Syrie, au Liban.

En 1945, "je n'ai plus retrouvé en France la grande solidarité de ma jeunesse (...) C'était chacun pour soi. Ceux qui avaient travaillé avec les Allemands avaient la petite combine du marché noir. Ils y arrivaient", se remémorait Léon Gautier.

Né le 27 octobre 1922 à Rennes dans une famille modeste, il travaille dès 13 ans comme carrossier, "à l'époque de la semaine de 48 heures et sans congés payés".

Après la guerre, il retourne en Angleterre avec son épouse Dorothy rencontrée outre-Manche, pour sept ans, travaille plus de "60 heures par semaine", revient en France et repart comme chef d'atelier, pendant sept ans encore, en Afrique, avant un accident qui le ramène au pays. Il est alors plâtré du cou aux pieds.

Là, ce père de deux enfants qui a toujours "adoré les Anglais" et admiré Churchill -"qui n'a pas lâché le morceau"- passe à 38 ans un examen pour devenir expert automobile.

- L'ami d'un vétéran allemand -

"Partir de zéro en 1945 m'a obligé à me battre un peu partout pour vivre. J'ai une petite maison à moi, gagnée à la sueur de mon front. J'y suis heureux. Je n'ai pas besoin d'un château", précisait l'ancien combattant au regard incisif sur le monde.

Vivant à Ouistreham depuis les années 1990, Léon Gautier se bat inlassablement, "pour la paix" et pour la mémoire de ses camarades, d'écoles en commémorations.

"La paix, faut pas la reperdre. Dans ses choix, il faut être très vigilant. Les Allemands ont suivi Hitler comme des moutons de Panurge. Ça peut nous arriver", proclamait celui qui était devenu l'ami de Johannes, un vétéran allemand de la bataille de Normandie, installé comme lui à Ouistreham.

Lors du 70e anniversaire du Débarquement, les deux hommes s'étaient étreints avec émotion. Johannes Börner s'est éteint en 2018.

En septembre 2020, Léon Gautier s'est opposé, tout comme les descendants des autres membres du commando Kieffer, à un projet de site immersif sur l'histoire du Débarquement et de la bataille de Normandie, rejetant fermement, dans une tribune publiée dans Le Monde, tout "D-Day land".

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