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A Venise, le film de Walter Salles "contre l'oubli" de la dictature au Brésil

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Alberto PIZZOLI

Le cinéma est "un instrument contre l'oubli", a affirmé dimanche à Venise le réalisateur brésilien Walter Salles au festival de Venise, où il est compétition avec "Je suis encore ici", tiré de l'histoire vraie d'un ex-député disparu sous la dictature militaire.

Le réalisateur de "Central do Brasil", Ours d'or à Berlin en 1998, et de "Carnets de voyage", fait son retour sur les écrans avec ce film, après une décennie d'absence.

"Le cinéma est une excellent instrument contre l'oubli. La littérature aussi est un excellent instrument contre l'oubli", a souligné le réalisateur de 68 ans, en conférence de presse.

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Alberto PIZZOLI

Son film raconte la lutte d'une femme, Eunice Paiva, pour connaître la vérité sur le sort de son mari, un ex-député de gauche, après son enlèvement par les sicaires de la dictature en 1971. Il ne reviendra jamais et il lui faudra des décennies de combat avant d'obtenir la confirmation de sa mort.

La protagoniste est interprétée par Fernanda Torres, prix d'interprétation féminine à Cannes en 1986 pour son rôle dans "Parle-moi d'amour" d'Arnaldo Jabor.

L'histoire de cette veuve mère de cinq enfants et sa réinvention comme avocate défendant les droits des peuples indigènes, a fait l'objet d'un livre écrit par son fils, dont s'est inspiré le scénario.

"Je suis tombé amoureux de cette femme, je la connaissais (...) Ce qui m'a vraiment touché dans le livre, c'est l'histoire extraordinaire d'une famille qui subit un acte de violence et d'une femme qui se reconstruit au milieu de tout cela", a expliqué le cinéaste de 68 ans.

"Ce qui m'intéresse au cinéma, c'est lorsque le parcours des personnages se mélange avec le parcours d'un pays", a-t-il affirmé. "Le parcours d'Eunice s'est mélangé avec l'histoire du Brésil dans les années horribles de la dictature qui a duré 21 ans" (1964-1985).

La gestation du film a eu lieu avant et durant le retour au pouvoir de l'extrême droite au pouvoir en la personne du président Jair Bolsonaro (2019-2023), un ancien militaire nostalgique de la dictature.

"Quand nous avons commencé à faire le film, le pays n'avait pas encore basculé dans un gouvernement d'extrême droite (...) mais l'écho de ce qui se passait en Amérique (avec l'élection de Donald Trump, NDLR) et partout ailleurs était présent", a-t-il expliqué.

"Je n'avais jamais pensé que ma génération assisterait au retour de l'extrême droite", a-t-il déploré.

"Il y a eu une convergence entre notre réalité politique et l'histoire que nous racontions, d'une certaine façon j'ai eu l'impression que le film n'était plus sur les années 1970 mais plutôt sur ce qui se passait" dans le présent.

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