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Blocage des sites porno pour les mineurs, cyberharcèlement... Le gouvernement veut faire de la protection de l'enfance sur internet une de ses priorités, alors qu'une majorité de parents estiment que leurs enfants ont besoin d'être encadrés sur internet.
Signe de l'importance du sujet, trois membres du gouvernement, Jean-Noël Barrot (Numérique), Pap Ndiaye (Education) et Charlotte Caubel (Enfance), ainsi que Brigitte Macron, présidente de la Fondation des Hôpitaux, devaient se rendre mercredi après-midi dans les locaux d'e-Enfance, à Paris.
L'association a pour mission de protéger les mineurs des contenus sensibles sur internet ("revenge porn", chantage à la webcam, usurpation d'identité, violences à caractère sexiste ou sexuel, exposition à des contenus violents...) et gère le numéro vert 3018 dédié aux victimes de cyberharcèlement.
Selon "Internet Sans Crainte", le programme national de sensibilisation des jeunes au numérique de la Commission européenne, 63% des parents "attestent que leurs enfants ont besoin d'être supervisés" sur internet.
"L'étude dévoile des parents conscients et volontaires pour accompagner leurs enfants. Les politiques de sensibilisation menées dans les établissements scolaires et auprès du grand public par l'ensemble des acteurs de la prévention depuis 20 ans semblent porter leurs fruits", indiquent les auteurs de l'étude publiée mardi, à l'occasion de la 20e édition de la journée mondiale pour un "Internet plus sûr" (le "Safer internet day").
Sur le sujet de l'accès des sites porno, la manière dont ces sites devront vérifier "sérieusement" l'âge de leurs utilisateurs, "sous peine de voir leur diffusion interdite sur le territoire national", doit également être présentée incessamment par le gouvernement, l'Arcom et la Cnil.
"La France sera bientôt le premier pays du monde à imposer le contrôle parental par défaut sur tous les appareils commercialisés sur son sol. Le décret d'application a été validé par la Commission européenne et sera examiné prochainement par le Conseil d'Etat", avait annoncé mardi Jean-Noël Barrot devant le Sénat lors des questions au gouvernement.
- Protection des données -
Actuellement, les sites pornographiques demandent à l'internaute de certifier son âge en entrant une date de naissance, ou même plus simplement en appuyant sur une case pour dire "Je suis majeur".
Le Royaume-Uni tente lui aussi de mieux filtrer cet accès, avec son projet de loi sur la sécurité en ligne, en discussion au Parlement. Le gouvernement veut rendre obligatoire la mise en place d'une technologie fiable de vérification de l'âge, choisie par les sites internet.
En Louisiane (sud des États-Unis), une loi oblige depuis le 1er janvier à présenter une copie d'une pièce d'identité avant de pouvoir entrer sur les sites internet ayant au moins un tiers de leur contenu "préjudiciable aux mineurs".
Si l'objectif de rendre plus difficile l'accès à la pornographie pour les mineurs est largement partagé, les divers projets de mise en place d'une vérification de l'âge dans le monde se sont heurtés à la question de la protection des données.
En décembre 2021, le régulateur avait sommé cinq premiers sites - Pornhub, Tukif, Xhamster, Xvideos, Xnxx - d'empêcher leur accès aux mineurs. Il avait ensuite saisi la justice début mars 2022 pour demander leur blocage, faute de réaction des sites concernés.
D'après la mesure Audience Internet Global de Médiamétrie, au 1er trimestre 2022, l'ensemble des sites porno ont enregistré une audience mensuelle moyenne cumulée de 18,3 millions de visiteurs uniques en France, dont 12% de mineurs (soit plus de 2,2 millions de mineurs par mois).