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Terre historique de mobilisation depuis cinquante ans, le plateau du Larzac réunit pour un week-end les luttes écologistes du moment, avec un soutien marqué aux Soulèvements de la terre et la volonté déterminée de poursuivre leur action.
Sur la vaste étendue dédiée au rassemblement, secouée par un vent violent qui fait alterner timides éclaircies et averses glacées, les militants se pressent de chapiteaux en barnums pour participer aux tables-rondes des Résistantes 2023.
C'est sous ce nom que trois organisations - le collectif Terres de Luttes, la Confédération paysanne ainsi que les Faucheurs et Faucheuses d'OGM - ont décidé d'organiser sur quatre jours (du 3 au 6 août) des "Rencontres des luttes locales et globales".
"On sait que la catastrophe écologique est en cours, on sait qu’il faut agir très vite et on est là pour s’organiser face à ça, on est aussi dans un contexte où nos mouvements sont de plus en plus réprimés, de plus en plus sévèrement empêchés et on est là pour riposter ensemble", explique à l'AFP Victor Vauquois, porte-parole de Terres de Luttes.
Selon les organisateurs, quelque 5.000 participants se sont inscrits à ces journées, 175 débats, ateliers, conférences, projections sont prévus autour de thématiques comme "droit des luttes", "actions directes", "luttes paysannes" ou encore "hacker les institutions".
L'idée, c'était aussi de s'inscrire dans la lignée des combats menés sur le plateau du Larzac, d'abord la lutte initiale d'il y a 50 ans quand, en 1973, des paysans rejoints par plusieurs milliers de militants ont manifesté contre l'extension d'un camp militaire, puis du grand rassemblement altermondialiste de 2003 autour des faucheurs d'OGM et de leur leader José Bové.
- "retour aux sources" -
La rencontre entre militants écologistes d'aujourd'hui et historiques du Larzac s'est faite l'hiver dernier. "On s’est rencontré au moment de la réforme des retraites, on s’est vu à Sainte-Soline (manifestation contre les "mégabassines" le 25 mars dans les Deux-Sèvres), on a vécu ces moments un peu durs politiquement cette année et on avait trop envie d’un moment de respiration pour se renforcer, pour faire de la stratégie, pour se retrouver", raconte Enora Chopard, membre de la coalition "La Déroute des routes".
"Le Larzac a nourri l’imaginaire de plein de luttes qui sont là aussi aujourd’hui, c'est un peu un moment de retour aux sources, explique-t-elle.
Pour Christine Thelen, 69 ans et membre des faucheurs volontaires, "le défi c’était aussi d'apprivoiser une fois de plus le Larzac pour qu’il nous permette à plusieurs milliers de personnes de se rencontrer dans de bonnes conditions".
Quelque 800 bénévoles gèrent la logistique, la sécurité, l'approvisionnement en eau et nourriture, etc.
"C'est un moment dédié aux luttes actuelles sur la base des luttes passées victorieuses", résume Victor Vauquois, en évoquant le désir de rebondir sur les mobilisations des derniers mois.
- "penser la suite" -
"Il faut penser la suite au vu de la séquence politique qui vient de se dérouler et qui a marqué à la fois les corps, les esprits et les structures", renchérit le youtubeur militant Vincent Verzat qui revendique quelque 300.000 abonnés, en faisant allusion aux affrontements de Sainte-Soline et à la dissolution du mouvement des Soulèvements de la terre.
Sur le plateau du Larzac, des représentants des Soulèvements ont d'ailleurs présenté la "bataille juridique" qu'ils entendent mener contre cette dissolution, avec pour point de départ un référé devant le Conseil d'Etat le 8 août pour demander la suspension du décret de dissolution.
Par ailleurs, samedi aux "Résistantes", une assemblée des comités locaux des Soulèvements avait lieu pour évoquer les perspectives des prochains mois.
Ces comités "ont leur autonomie et sont en train de s'organiser partout pour continuer à mener des actions", a affirmé à la presse Benoît Feuillu, une des voix des Soulèvements, estimant "de plus en plus surréaliste d'imaginer que ce mouvement s'arrête".