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Un directeur de recherche du CNRS de Strasbourg s'est vu infliger une exclusion d'un an, assortie d'un sursis de six mois, pour "harcèlement sexuel" de deux doctorantes et une stagiaire, a-t-on appris samedi auprès de l'institution.
Détaché au sein de l'unité Inserm "Interface recherche fondamentale et appliquée en cancérologie" (Irfac U1113), il a été exclu "à compter de la notification de la présente décision", datée du 27 février et que l'AFP a pu consulter.
Elle est "privative de rémunération", a-t-on précisé auprès du CNRS.
Les faits avaient été signalés au CNRS en juin 2022 par deux femmes qui avaient commencé leurs thèses "sous sa co-direction", déclenchant l'ouverture d'une enquête conjointe CNRS/INSERM, indique la notification.
Ce directeur de recherche de 1ère classe, en poste depuis 2013, avait été suspendu en novembre puis entendu par la commission administrative paritaire (CAP) en février 2023.
Selon l'enquête interne, le chercheur a eu envers ses deux doctorantes et une stagiaire "sous sa responsabilité", entre 2015 et 2022, "un comportement inapproprié constitué de gestes déplacés à connotation sexuelle et de compliments sur le physique les mettant mal à l'aise", poursuit la notification.
"Par ce comportement, (il) a placé (les trois femmes) dans une situation intimidante, humiliante et offensante qui a conduit une des deux doctorantes à souhaiter mettre fin à sa thèse", selon la même source.
Parmi les gestes déplacés évoqués par l'enquête interne : main "aux fesses", "sur la cuisse, sur la nuque, caresses sur les cheveux et les épaules", sans le consentement des trois femmes.
Lors d'un déplacement à l'étranger, il se serait "allongé sur (une) doctorante endormie sur le dos à la plage" alors qu'ils étaient "tous deux en maillots de bain", selon la notification.
Il se serait aussi "présenté en sous-vêtements" devant la stagiaire.
S'il reconnait "avoir de manière générale un comportement tactile", il nie "toute connotation sexuelle à ses gestes", indique la notification.
Les trois femmes ont déposé une plainte, a-t-on indiqué auprès du CNRS qui "condamne fermement toutes les formes de discriminations et de harcèlements, de comportements et d'actes à caractère sexiste et sexuel" et rappelle avoir mis en place "une cellule-signalements" en février 2022.
L'Irfac, dont le chercheur était pressenti avant son exclusion comme un "potentiel futur directeur", va fermer "à l'horizon 2024", a-t-on par ailleurs appris auprès de l'Inserm et de l'Université de Strasbourg, les deux tutelles du laboratoire.
L'annonce de la fermeture a été faite lors d'une assemblée générale exceptionnelle le 6 décembre, selon les mêmes sources, qui indiquent que les agents et les doctorants seront accompagnés.
Outre les accusations de harcèlement sexuel visant le directeur de recherche, "l'absence de candidature d'un nouveau porteur proposant un projet scientifique suffisamment solide et fédérateur", ainsi que la vétusté du bâtiment nécessitant des "investissements conséquents" sont à l'origine de cette décision, précisent l’Inserm et l'Unistra qui rappellent qu'ils sont aussi dotés de dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.