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Les locaux de l'Ordre des infirmiers à Toulouse (Haute-Garonne) ont été vandalisés, avec notamment des tags anti-pass sanitaire, dans la nuit de jeudi à vendredi, a-t-on appris auprès de la police et de l'Ordre, qui a porté plainte. Des dégradations ont été constatées vendredi matin sur la vitrine des locaux de l'Ordre des infirmiers: des jets de pierre - une trentaine d'impact - et des inscriptions "Non au pass" et "Vive la grève" sur les murs, a appris l'AFP auprès de la police. Il n'y a pas eu d'intrusion dans les locaux, précise-t-on de même source, ajoutant qu'une plainte devait être recueillie dans l'après-midi.
Les salariés de la structure se disent "choqués par une telle agression et qui craignent pour leur sécurité", dit un communiqué de l'Ordre des infirmiers. "L'Ordre National des Infirmiers condamne fermement ces actes de vandalisme et d'intimidation contre une organisation qui mène une mission de service public, notamment dans le cadre de la crise sanitaire", indique-t-il. Ces dégradations interviennent au lendemain de la décision du Conseil constitutionnel qui a validé pour l'essentiel le projet de loi sanitaire et à la veille d'un quatrième samedi consécutif de mobilisation "pour la liberté" et "contre la dictature sanitaire".
Mesure emblématique et controversée de la loi visant à contrer la flambée de l'épidémie de Covid-19 promulguée vendredi, le pass sanitaire (vaccination totale, test Covid-19 négatif ou certificat de rétablissement) va être étendu, notamment aux cafés, restaurants, avions, trains, autocars pour les longs trajets. Le dispositif est contesté par des Français anti-pass ou anti-vaccination qui ont lancé de nouveaux appels à manifester ce samedi, après déjà trois journées de mobilisation dont la dernière, le 31 juillet, a rassemblé plus de 200.000 personnes à travers la France selon le ministère de l'Intérieur.
Ce jour-là à Montpellier, des manifestants traitent de "collabo" et d'"assassin" un pharmacien réalisant des tests dans la rue, comme le montrent des images tournées par le quotidien régional Midi libre. La nuit suivante, une pharmacie est incendiée à Fort-de-France. Dans la nuit du 17 au 18 juillet, un incendie volontaire détruit un chapiteau accueillant un centre de vaccination contre le Covid-19 de la commune d'Urrugne (Pyrénées-Atlantiques). La veille, un centre de vaccination avait été vandalisé à Lans-en-Vercors (Isère) et des inscriptions anti-vaccins taguées sur le bâtiment.
Violences et intimidations
Le 31 juillet, un "déchaînement soudain de violence s'est exprimé" à l'encontre des pharmaciens, dénoncent d'une même voix l'Ordre national des pharmaciens et les syndicats FSPF (Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France), USPO (Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine) et l'ANEPF (l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France). L'Ordre des médecins a condamné des "actes de violence et d'intimidation" contre "des médecins, des pharmaciens, d'autres professionnels de santé, et des personnels d'établissements ou de centres de vaccination".
Pharmacies et centres de vaccination symbolisent le pass sanitaire, qui va désormais être obligatoire pour accéder à un grand nombre d'activités, ce qui risque d'engendrer de nouvelles tensions, selon leurs représentants professionnels.
Lors des manifestations, marquées aussi par des violences contre les forces de l'ordre ou les journalistes, le ministère de l'Intérieur a assuré qu'"une attention peut être apportée par le préfet lorsque les pharmacies se retrouvent sur le chemin du cortège".
Pour Deborah Ridel, doctorante en sociologie à l'université de Lille qui a étudié les violences commises dans les services d'urgence, "les soignants de première ligne (et a fortiori à l'hôpital public) sont, aux yeux d'une grande partie de la population, les représentants - en tant qu'interlocuteurs visibles - d'un État impersonnel et inatteignable".
"Il y a dans ces formes de contestation quelque chose d'assez semblable aux revendications des gilets jaunes qui contestent un gouvernement trop éloigné de leurs considérations", estime cette chercheuse.
De nombreux gilets jaunes figurent dans les rangs des manifestants. Une de leurs figures emblématiques, Jérôme Rodrigues, éborgné en 2019 par un tir de grenade lors d'une manifestation, participait jeudi au rassemblement de quelques centaines de personnes devant les grilles du Conseil constitutionnel à Paris.
Le dernier rapport de l'Observatoire national des violences en milieu de santé fait état de 20.330 "atteintes aux personnes" en 2018, soit avant la crise sanitaire. La plupart des victimes sont des soignants (77%), tandis que la majorité des auteurs de violence sont des patients (71%).