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Le monde "n'est pas plus sûr": l'horloge de l'apocalypse, qui symbolise depuis 1947 l'imminence d'un cataclysme planétaire, a été maintenue jeudi à 100 secondes du gong fatidique, aucune amélioration n'étant remarquée depuis ce record établi en 2020.
Les risques posés par la prolifération nucléaire, le changement climatique et la pandémie, notamment, ont cette année été exacerbés par "un écosystème de l'information dysfonctionnel qui sape la prise de décision rationnelle", note l'organisation qui, depuis la Guerre froide, détermine cette allégorie de notre exposition aux dangers mondiaux.
"Nous sommes bloqués dans un moment périlleux, qui n'apporte ni stabilité ni sécurité", a déclaré l'universitaire Sharon Squassoni, l'une des responsables du Bulletin of the Atomic Scientists, qui gère cette horloge.
"L'horloge de l'apocalypse continue de planer au-dessus de nos têtes, nous rappelant le travail nécessaire pour garantir une planète plus sûre et plus saine", a déclaré la présidente de cette ONG, Rachel Bronson.
"Si l'humanité veut éviter une catastrophe existentielle, qui éclipserait tout ce qu'elle a déjà vu, les dirigeants nationaux doivent faire un bien meilleur travail pour contrer la désinformation, tenir compte de la science et coopérer," a-t-elle poursuivi.
Davantage que les années précédentes, la question de l'information est vue comme cruciale par l'ONG.
Herb Lin, expert en sécurité numérique, s'est inquiété qu'aucun "argument rationnel" ne suffise désormais à persuader des personnes aux croyances bien ancrées, conduisant à des "fractures dans notre compréhension commune de ce qui est vrai".
Selon le Bulletin of the Atomic Scientists, 2021 n'a pas apporté de changement significatif pour le climat.
"L'année dernière (...) nous avons eu le dôme de chaleur au-dessus de l'Amérique du nord, des incendies dans le monde entier, des sécheresses et des inondations, mais ce n'est qu'un échantillon de ce qui nous attend si nous ne ramenons pas les émissions de dioxyde de carbone à zéro", a déclaré Raymond Pierrehumbert, professeur de physique à l'université d'Oxford.
Le Bulletin of the Atomic Scientists a été fondé en 1945 par Albert Einstein, Robert Oppenheimer et des scientifiques ayant travaillé sur le projet "Manhattan", qui produisit la première bombe atomique.
L'horloge de l'apocalypse, créée en 1947, répondait initialement au péril nucléaire et aux tensions grandissantes entre les deux blocs, mais prend aujourd'hui en compte le Covid-19, le climat ou encore "les campagnes étatiques de désinformation".
Le conseil scientifique et de sécurité de l'ONG, en charge de l'horloge, est composé essentiellement d'universitaires américains, spécialistes de la sécurité nucléaire, du climat ou de science politique.
L'horloge de l'apocalypse indiquait à sa création minuit moins sept. En 1991, à la fin de la Guerre froide, elle avait reculé jusqu'à 17 minutes avant minuit. En 1953, ainsi qu'en 2018 et 2019, elle affichait minuit moins 2.