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Le parquet a requis jeudi 13 à 25 ans de réclusion criminelle à l'encontre de six hommes accusés d'être les responsables locaux et le commanditaire d'un vaste trafic de cocaïne sur le port du Havre.
La cour d'assises spéciale du Nord tente depuis le 1er février de déterminer la place exacte de chacun des accusés dans ce trafic consistant à réceptionner des centaines de kilos de cocaïne, avec l'aide de dockers corrompus, pour les livrer à des mafias.
Ce port "est devenu depuis quelques années la porte principale de l'entrée de la cocaïne en France et l'une des principales en Europe", a pointé l'avocat général, Antoine Berthelot, évoquant un "tsunami blanc" sur le continent, désormais premier marché mondial de cette drogue.
"Le prix plancher est de 12 millions d'euros pour la chaîne criminelle pour 100 kg" de cocaïne de cette pureté, a-t-il souligné. Dans ce dossier, 1,3 tonne de cocaïne et 445 kilos de résine de cannabis ont été saisis sur plusieurs bateaux.
L'avocat général a appelé à ne pas laisser Le Havre sombrer comme Anvers, gangréné par la criminalité liée au trafic.
La peine la plus lourde a été requise à l'encontre de Dione Mendy, qui nie toute implication, mais considéré par l'avocat général comme le "principal employeur et commanditaire" de l'équipe, constituée par trois autres prévenus.
Il a requis de 13 à 22 ans de réclusion à l'encontre de ces trois hommes, issus des quartiers populaires du Havre. Mohamed Mellal - tout comme son "alter ego fonctionnel" Karim Djemel - n'est certes "pas un chef de cartel", mais pas non plus "un simple logisticien".
Le troisième membre du trio, Youssef Boukhari Sardi, a selon lui un rôle moins "moteur".
Contre Aziz Sallami - absent au procès - soupçonné d'être un concurrent sur la zone portuaire qui a un temps mutualisé ses moyens avec le trio, il a demandé 18 ans.
A l'encontre du doyen des prévenus, Louis Bellahcène, alias "le roi du port", "omniprésent, omnipotent, omniscient", qui "rémunère" les différents acteurs des sorties de cocaïne, l'avocat général a requis 20 ans.
Le parquet a également demandé de fortes amendes, des interdictions de se rendre en Seine-Maritime pendant 10 ans et de posséder une arme pendant 5 ans à l'encontre des accusés.
L'avocate de Karim Djemel, Valérie Giard, a fustigé des réquisitions dignes de "trafiquants internationaux", estimant que les accusés n'étaient que "des petits maillons" du trafic.
Les avocates de MM. Bellahcène et Boukhari Sardi ont aussi appelé à ramener le rôle de chacun à "ses justes proportions".
Huit personnes, dont des personnels portuaires, ont déjà été condamnées en correctionnelle et trois relaxées dans ce dossier.
Débutée en janvier 2017, l'enquête avait permis, grâce à l'installation de micros dans les logements de l'équipe, d'entendre certains suspects détailler leurs activités.
Elle organisait notamment le "troc" particulièrement lucratif de cocaïne contre du cannabis à destination de la Martinique.
Le verdict est attendu vendredi.