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Crise de la betterave: le sucrier Tereos va fermer deux usines en France

Nouveau coup dur dans le monde du sucre: le géant Tereos a annoncé mercredi la fermeture d'une sucrerie et d'une distillerie, qui pourrait conduire à la suppression de 149 postes, dans le cadre d'un projet de "réorganisation de son activité industrielle en France".

Le 8 février dernier, les betteraviers défilaient avec 500 tracteurs à Paris pour protester contre l'interdiction totale des néonicotinoïdes, des insecticides nocifs pour les abeilles, utilisés par dérogation en France pour protéger les semences de betteraves contre le virus de la jaunisse. Ils s'inquiétaient des répercussions de cette décision "dans toute la filière".

Un mois plus tard, et malgré une forte hausse du prix du sucre, de l'alcool et de l'éthanol qui a fait bondir ses ventes au dernier trimestre 2022 (+34%), Tereos, deuxième producteur mondial de sucre à base de betterave (Béghin Say), justifie sa décision de fermer deux sites par "une réduction durable" de la production de ces racines en 2023-24.

Le groupe a décidé d'arrêter l'activité sucrière du site d'Escaudoeuvres dans le Nord (123 postes) et de sa distillerie de Morains dans la Marne (26 postes), a-t-il précisé dans un communiqué.

Tereos, qui a traversé ces dernières années une grave crise de gouvernance, avait prévenu fin février qu'il s'attendait à une augmentation de sa dette nette du fait de la hausse des prix des matières premières et de l'énergie.

La direction de Tereos France, qui a annoncé ce projet de fermeture mercredi aux représentants des personnels concernés, dit vouloir privilégier un reclassement des salariés en proposant "différents postes au sein des autres sites" du groupe dans la région.

La sucrerie d'Escaudoeuvres - l'une des neuf de Tereos - va fermer ses portes du fait d'une "baisse de volumes de betteraves engagés, qui s'explique majoritairement par des raisons agronomiques (rotation culturale, sécheresse, jaunisse)".

Trente postes seront maintenus au centre logistique du site, qui compte notamment des silos de stockage.

- "Filière en danger" -

Le président du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (LR), et des élus locaux ont immédiatement réclamé dans un courrier l'organisation d'une réunion sous l'autorité du préfet "afin d'évoquer les vraies motivations de la fermeture de ce site".

"Il se produit exactement ce que l'on craignait: les surfaces (de culture de la betterave) ont diminué d'environ 7% en France et c'est maintenant toute la filière qui est en danger, des producteurs jusqu'aux sucreries", a réagi auprès de l'AFP Franck Sander, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB).

Après leur mobilisation dans la rue et pour les inciter à planter, le gouvernement leur avait promis une indemnisation totale de leurs pertes en cas d'épisode de jaunisse en 2023.

"Le prix de la betterave n'a jamais été aussi élevé. C'était l'année ou jamais pour planter. Le principal facteur expliquant la baisse des surfaces est l'interdiction des néonicotinoïdes, parce qu'on n'a toujours pas de solution alternative pour protéger nos cultures", a martelé M. Sander.

"Il est incompréhensible que la loi française (...) crée une distorsion inacceptable de concurrence", a souligné Xavier Bertrand dans une autre lettre adressée cette fois au ministre de l'Agriculture. Le président de la région, première productrice de betteraves en France, demande des propositions pour la "sauvegarde de la filière".

La baisse des surfaces emblavées est supérieure à 10% dans le secteur d'Escaudoeuvres, selon Tereos. Les betteraves récoltées près de cette usine seront désormais transformées "sur les sites voisins", précise le groupe.

La distillerie de Morains est la seule - sur les six de Tereos - qui n'est pas intégrée à un site industriel. Sa fermeture est liée à une diminution des volumes traités et à sa "sous-utilisation" depuis plusieurs années.

Par ailleurs, Tereos a annoncé chercher un acquéreur pour son amidonnerie de pommes de terre sur son site de Haussimont (Marne), qui emploie 65 personnes.

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