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Des agriculteurs ont manifesté lundi de Dunkerque à Marseille pour maintenir la pression sur un gouvernement dont ils attendent plus que des "demi-mesures" à quelques jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris...
Le président de la République Emmanuel Macron recevra selon l'Elysée mardi à 15H00 le président des Jeunes agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot, puis à 16H00 celui de la FNSEA, Arnaud Rousseau - les deux syndicats agricoles sont alliés et largement majoritaires.
Emmanuel Macron s'est entretenu la semaine dernière avec les autres représentants de la profession (Coordination rurale, Confédération paysanne et Modef).
Son Premier ministre Gabriel Attal tiendra mercredi une conférence de presse dédiée à la crise agricole.
Un mois après le début d'une longue vague de manifestations, le chef du gouvernement évoquera la réécriture du projet de loi agricole qui avait été suspendu au début de la crise, ainsi que le suivi et l'exécution des mesures déjà annoncées par le gouvernement.
Depuis la dernière salve d'annonces gouvernementales le 1er février, allant du versement d'aides d'urgence à des décrets de simplification en passant par une "pause" sur le plan de réduction des pesticides Ecophyto, les agriculteurs ne cessent de répéter qu'ils veulent en voir les premières retombées avant l'ouverture du salon, samedi.
Un convoi d'une quarantaine de tracteurs a défilé lundi dans le centre de Marseille répandant du fumier devant des bâtiments administratifs.
"Le Salon de l'agriculture sera sous pression, nous y serons et nous ne serons pas là pour agrémenter leurs services communication, nous serons là pour les haranguer et pour obtenir des choses", a assuré Laurent Depieds, dirigeant régional de la FNSEA, à l'initiative de la manifestation, avec les JA.
Dans la Marne, des membres des JA ont déversé du fumier, des roues et des palettes devant la préfecture à Chalons-en Champagne, mais aussi devant les sous-préfectures de Reims, de Vitry-le-François et d'Epernay, ont-ils indiqué.
A Dunkerque, une cinquantaine de tracteurs ont mené une opération escargot lundi matin.
"Ce n'est pas parce que les gens sont repartis dans les exploitations que le sujet est terminé", a répété sur Europe 1 le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
Lors de l'inauguration du Salon de l'agriculture samedi, Emmanuel Macron devra annoncer "ce qu'est sa vision de l'agriculture des prochaines années et ce qu'on fait tout de suite", a insisté Arnaud Rousseau.
"On essaie de trouver un format pour qu'il [Emmanuel Macron] puisse exprimer sa vision", a indiqué à l'AFP une source au sein de l'exécutif, alors que le président est habitué aux déambulations à rallonge (13 heures l'an dernier), sans discours formel.
Le gouvernement ne se fait guère d'illusion: "On n'aura jamais de satisfecit des agriculteurs de toute façon."
- "Aussi le salon des grands-mères" -
Le rendez-vous annuel - le 60e - attend autour de 600.000 visiteurs en neuf jours, au parc des expositions de la Porte de Versailles, dans ce climat électrique.
Face au risque de manifestations, la sécurité sera portée "au maximum", a indiqué Arnaud Lemoine, le directeur du Ceneca, l'organisation propriétaire de l'événement, jeudi sur BFMTV.
"Évidemment, c'est le salon des agriculteurs, évidemment on comprend les revendications (...) et les manifestations. Mais les manifestations, [c'est] pas au salon", a-t-il plaidé.
"Le salon doit rester malgré tout une belle fête", a-t-il insisté, soulignant que "c'est aussi le salon des grands-mères, des poussettes, des familles".
Lundi, les organisateurs ont appelé dans un communiqué les participants à "favoriser les échanges bienveillants et constructifs", mais aussi à "rester raisonnés et responsables en cas de consommation d'alcool", le salon étant régulièrement le théâtre d'excès éthyliques.
Avant les élections européennes en juin, les responsables politiques devraient défiler devant Oreillette, la vache égérie du salon, une Normande de cinq ans, élevée dans l'Orne par François Foucault et sa fille Lucie.
Le Salon de l'agriculture a lieu tous les ans à Paris depuis 1964, sauf en 2021, édition annulée en raison de l'épidémie de Covid-19.
L'événement appartient au Centre national des expositions et concours agricoles (Ceneca), constitué des grandes organisations agricoles, en particulier le fonds d'investissement Unigrains, fondé par les céréaliers français, la FNSEA ou encore son association de betteraviers CGB.