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Des designers de meubles font rimer BTP avec "récupérer"

Parmi des tiges de fer, structures en métal et panneaux d'aluminium sauvés de la déchèterie, Thomas Combes, en tablier bleu, lunettes de protection et casque antibruit, soude une étagère au style épuré dans son atelier de Colomiers, en banlieue de Toulouse.

Ce meuble, signé Maison Tournesol, se démarque par sa conception: il est entièrement fabriqué à partir de déchets issus du secteur du BTP.

"C'est un milieu qui génère énormément de déchets avant, pendant et après la construction de bâtiments", explique à l'AFP l'architecte-designer de 33 ans.

"Cinquante millions de tonnes par an", précise son associé du même âge François Bois, avant d'ajouter que de là est née l'idée de Tournesol. "On s'est dit, on va faire du réemploi et de l'économie circulaire, et ça va être notre cheval de bataille."

En 2019, avec deux autres jeunes architectes sensibilisés à l'enjeu environnemental, Thomas Combes et François Bois fondent l'entreprise, qui conçoit et fabrique du mobilier d'intérieur à partir de matériaux du BTP qui autrement finiraient à la déchèterie.

- Economie circulaire -

"Chaque année, ce sont deux tonnes de déchets et six tonnes de CO2 qui sont évitées", lance fièrement François Bois, précisant que "le meuble qu'est en train de construire Thomas nécessite environ 25 kilos" de matériaux recyclés.

Les matières premières sont récupérées auprès d'industriels "juste avant qu'elles ne deviennent des déchets (...) pour les faire repartir sur un nouveau cycle" de vie, explique-t-il avant de lancer: "c'est ça l'économie circulaire".

Ce modèle économique "est entré dans l'évolution des moeurs", affirme Léa Querrien, cheffe de projets-innovation chez Valdelia, une société qui organise la collecte et le recyclage des déchets d'ameublement.

L'experte souligne qu'"il y a énormément d'initiatives (intégrant l'économie circulaire) qui émergent en France", notamment "entre le monde du mobilier et le monde du bâtiment". Elle précise que "la réglementation a joué pour beaucoup" dans cet essor.

Depuis mars 2021, la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) "oblige à ce qu'entre 20% et 40% des fournitures achetées par les services publics soient issues du réemploi, de la réutilisation ou comportent des matières recyclées", explique-t-elle.

Ce marché est l'un des principaux clients de Maison Tournesol, qui en compte aujourd'hui une centaine, dont également des industriels qui "veulent du mobilier écologique et durable pour répondre à leur politique RSE", déclare François Bois.

Cette politique de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) exige depuis 2011 que les entreprises "mettent en oeuvre des pratiques concrètes de développement durable afin d'améliorer leur impact sur la société ou sur l'environnement", rappelle-t-il.

- Concept innovant -

STM, qui conçoit, fabrique et pose des enseignes, est ainsi l'un des partenaires de Maison Tournesol pour s'"inscrire dans une démarche globale de RSE", précise Vincent Prieur, technico-commercial de cette entreprise de la banlieue de Toulouse.

Les quatre designers-architectes s'y approvisionnent en plateaux d'aluminium composite qui "présentent des défauts et ne peuvent être utilisés" par l'entreprise, ajoute-t-il.

Il se réjouit que ces panneaux, non-recyclables et donc généralement enfouis dans des décharges, "puissent être récupérés, pour faire du mobilier".

En réutilisant l'aluminium composite, Maison Tournesol se démarque des autres initiatives de recyclage, selon Léa Querrien qui salue ces architectes-designers pour leur côté "innovateur sur le design et les matériaux" utilisés.

Epurée et facile à monter, mêlant métal et bois, jaune, blanc et noir, la première gamme de meubles "Zéro" - pour zéro carbone, zéro déchets et zéro effort - a été lancée en 2022.

Forte du succès obtenu, Maison Tournesol lance sa deuxième collection, baptisée "Mono" car unicolore, à l'occasion du salon Workspace à Paris en avril.

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