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Des vins sans alcool ou bio, des rouges à déguster frais: aux côtés des traditionnels cépages, des vignerons du monde entier vont pendant trois jours à Paris proposer des produits qui, espèrent-ils, répondront au goût d'amateurs qui consomment de moins en moins de ce breuvage.
Pour la 5e édition du salon Wine Paris et Vinexpo Paris, le plus grand événement pour les professionnels des vins et spiritueux en France, 4.074 exposants accueillent de lundi à mercredi exportateurs, restaurateurs, cavistes, sommeliers.
Quelque 40.000 visiteurs sont attendus au parc des expositions de la Porte de Versailles pour des dégustations sur les stands, où sont mis à disposition verres et crachoir, tests à l'aveugle et des sessions sur le vin de sols volcaniques ou la décarbonation de la filière.
Le salon "a pour vocation de trouver des débouchés commerciaux tant en France qu'à l'étranger", rappelle Rodolphe Lameyse, directeur général de l'organisateur Vinexposium, à l'AFP.
La filière des vins et spiritueux est, à ses yeux, "à un tournant". En plus de l'impact du réchauffement climatique sur les vignes, les viticulteurs font face à la hausse généralisée de leurs coûts, à la crise du pouvoir d'achat et aux aléas géopolitiques.
Pour des raisons économiques ou dans un souci de modération, la consommation de vin tend à baisser, dans le monde comme en France, où elle a chuté de 70% en 60 ans.
"Le gâteau mondial se réduit, les parts de marché coûtent de plus en plus cher", remarque Rodolphe Lameyse. Innovation et montée en gamme sont selon lui les maîtres mots, mais "tout le monde n'a pas la capacité de faire l'un ou l'autre".
Des vignobles tirent leur épingle du jeu. Les champagnes ou les bourgognes continuent à profiter de leur réputation. Les vins "premium et super premium" ne sont pas en décroissance, remarquait Michel Chapoutier, président du syndicat national des négociants (UMVin) lors d'une présentation du salon en novembre.
"Les nouvelles générations boivent des boissons qui sortent du frigo ou des effervescents", des virages qu'ont su prendre des vins considérés comme plus frais tels les pinot noir d'Alsace ou les rouges de la Loire, ajoutait-il.
Les zones où des programmes de destruction d'excédents viticoles ont été mis en place en France correspondent à "des vins d'entrée de gamme qui ne trouvent pas preneurs".
- Mesures d'urgence -
Pour répondre à la "crise conjoncturelle", le gouvernement a annoncé récemment une aide d'urgence à la trésorerie de 80 millions d'euros pour les vignerons frappés par des aléas climatiques, sanitaires ou des prix trop bas.
Ce fonds "se met en place", a assuré lundi Jérome Despey, président du conseil spécialisé vin à l'établissement public FranceAgriMer. Dans l'Hérault par exemple, les viticulteurs peuvent déposer leur dossier depuis ce lundi "et on espère que les premiers paiements auront lieu avant le Salon de l'agriculture", qui s'ouvrira le 24 février, a-t-il indiqué.
Un fonds de 150 millions d'euros sur deux ans est aussi prévu pour la restructuration du vignoble, notamment pour les régions souffrant de surproduction, comme le vignoble occitan ou de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Il soutiendra aussi bien des arrachages temporaires de vignes en vue de la replantation de cépages plus adaptés que des arrachages définitifs pour les viticulteurs souhaitant se diversifier.
Cette restructuration "n'est pas un recul", mais se fait "dans une volonté de conquête", a affirmé le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, à l'inauguration du salon aux côtés de Thomas Cazenave, ministre délégué aux comptes publics. C'est une "adaptation" nécessaire pour répondre "aux besoins du marché", a-t-il estimé.
Selon une étude du cabinet Deloitte pour le compte de Vin et Société, une structure de promotion de la filière, cette dernière réalise en France un chiffre d'affaires de 60 milliards d'euros par an et, de la fabrication à la commercialisation, représente 254.000 emplois équivalents temps plein.
En 2022 et 2023, la France a exporté pour plus de 20 milliards d'euros par an de boissons (alcoolisées ou non) et est redevenue en 2023 le premier producteur de vin au monde.
Au salon, les vignerons français représentent encore le gros des exposants, mais les vendeurs étrangers prennent de plus en plus de place, avec d'importantes délégations italiennes, espagnoles et portugaises, mais aussi libanaises, japonaises ou néo-zélandaises.