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Des dizaines de tracteurs sont arrivés vendredi soir au campement des manifestants comptant braver samedi l'interdiction préfectorale de défiler contre les "bassines" des Deux-Sèvres, protégées par 3.200 gendarmes et policiers pour tenter d'éviter de nouveaux affrontements.
Un peu plus tôt, la gendarmerie a signalé de premiers heurts dans le département voisin de la Vienne où des manifestants ont sectionné des barrières pour accéder à une voie à grande vitesse, mais ont été repoussés par les forces de l'ordre. A la demande de la préfecture locale, la SNCF a détourné les trains sur le "réseau secondaire" entre Poitiers et Angoulême.
Les opposants à ces projets de réserves d'eau, qu'ils qualifient de "mégabassines", ont, eux, évoqué une action de "diversion" pour permettre au convoi de tracteurs "de couper à travers champs" et ainsi "déborder le dispositif" policier destiné à le bloquer, dans un communiqué transmis par le collectif Bassines non merci, l'un des organisateurs de ce week-end de contestation.
La préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, a également signalé sur BFMTV des attaques de "Black blocks armés" dans l'après-midi contre un point de contrôle et un barrage de gendarmerie.
Camions militaires, quads, hélicoptères: les forces de l'ordre avaient commencé à prendre position dès vendredi matin autour de la "bassine" en construction à Sainte-Soline, théâtre fin octobre de la dernière manifestation contre ce projet de réserves d'eau, elle aussi interdite.
Les autorités s'attendent à la venue dans le département, samedi, de 7.000 à 10.000 opposants à ces retenues d'eau destinées à l'irrigation agricole, dont "environ 1.500 activistes radicaux formés à la violence", selon Mme Dubée. Plus d'un millier de manifestants sont déjà arrivés vendredi, de nombreux groupes cagoulés et habillés en noir, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Nous verrons des images extrêmement dures parce qu'il y a une très grande mobilisation de l'extrême gauche et de ceux qui veulent s'en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions", a affirmé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur Cnews.
La préfète des Deux-Sèvres a évoqué à la mi-journée des "saisies importantes d'objets constituant des armes ou des armes par destination" lors de contrôles en amont de la manifestation.
"Nous avons saisi des boules de pétanque, des frondes, des lance-pierres, des objets contondants, des produits incendiaires comme des mortiers (...) Il y a aussi des couteaux, des haches", a détaillé lors du même point-presse le général Samuel Dubuis, commandant de la région de gendarmerie Nouvelle-Aquitaine.
- "Camp de base" -
Les organisateurs du rassemblement - le collectif "Bassines non merci", le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et le syndicat agricole Confédération paysanne - ont installé un campement "à proximité de la zone de manifestation, au nez et à la barbe du dispositif préfectoral et des nombreux contrôles sur zone".
Selon eux, ce "camp de base" installé sur une parcelle privée, prêtée par son propriétaire, se situe à l'extérieur du périmètre d'interdiction de la manifestation, dont le lieu exact est encore flou, entre les communes de Sainte-Soline "et/ou" Mauzé-sur le-Mignon, où une première "bassine" est déjà en service.
"Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l'eau", affirment les organisateurs.
Seize retenues, d'une capacité totale d'environ 6 millions de mètres cubes, doivent être construites, principalement dans les Deux-Sèvres, dans le cadre d'un projet porté par une coopérative de 450 agriculteurs avec le soutien de l'État.
Il vise à stocker en plein air de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient.
Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes.
Les opposants aux "bassines" dénoncent, eux, un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie" à l'heure du changement climatique, et réclament un moratoire sur leurs constructions pour lancer "un vrai projet de territoire" sur le "partage de l'eau".