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Ecoles innovantes, port décarboné, capitale du numérique: Emmanuel Macron a esquissé mardi une nouvelle ambition pour Marseille, l'appelant à regarder vers "le large" et renouer pleinement avec son "destin méditerranéen".
"Ce destin méditerranéen nous pouvons le ressaisir (..) C'est une chance pour la ville, pour la région, pour le pays", a lancé le chef de l'Etat, au deuxième jour de sa visite, dans le décor à couper le souffle du fort Saint-Jean avec la mer, le port et l'arrière-pays à l'horizon.
Poursuivant une série d'annonces égrenées depuis lundi dans le cadre du plan "Marseille en grand", il a promis de "faire de Marseille un port exemplaire en matière de décarbonation du transport maritime", avec une décarbonation plus rapide des flottes pour faire face à la concurrence d'autres comptoirs en Méditerranée.
Emmanuel Macron a aussi plaidé pour un développement de l'"Hinterland" (arrière-pays) du port en allant "beaucoup plus vite et fort sur le ferroviaire et le fluvial. Il avait lancé fin 2022 un projet de "grand port" reliant Marseille à Lyon, le long du sillon rhodanien, pour le transport de marchandises et d'énergie. Ce couloir pourrait être irrigué par "une dizaine de ports et aller se connecter jusqu'à la Bavière" en Allemagne, a-t-il précisé mardi soir.
Marseille doit aussi devenir une "capitale du numérique européen", avec data centers et rayonnement dans le cyber, a-t-il poursuivi.
- "Nouvelle école" -
Une école de "l’économie bleue" va aussi être installée sur le site du port, à l'Estaque, pour former des "milliers de jeunes" venant des quartiers déshérités du Nord de Marseille, a-t-il dit.
Le président a aussi annoncé le lancement d'une Saison Méditerranée pour 2026, afin de faire émerger des projets de "toutes les rives de la Méditerranée". Enfin il a appelé à inventer une "nouvelle Cité radieuse" dans les quartiers Nord, pour y réintroduire du beau, en référence au bâtiment de Le Corbusier au coeur de la ville.
Dans l'après-midi, Emmanuel Macron avait annoncé doubler l'enveloppe de l'Etat pour les hôpitaux publics de la deuxième ville de France --à hauteur de 479 millions d'euros--, avec en prime la reconstruction de l'Hôpital d'instruction des armées sur un nouveau site.
Plus tôt dans la matinée, depuis une école en rénovation des quartiers Nord de la ville, le président avait salué les innovations pédagogiques lancées dans quelque 80 établissements marseillais du premier degré. "On a inventé une nouvelle école (..) Au début, si on se parle franchement, il y avait beaucoup de réticences, ça vient complètement bousculer les idéologies de base", a concédé Emmanuel Macron, qui souhaite voir ce laboratoire des "écoles du futur" étendu partout en France.
Mais les résistances restent vives, une grande majorité des 470 écoles de Marseille n'ayant pas souhaité à ce stade s'engager dans ce dispositif.
- Réticences -
Nouvel argument pour le rejoindre: les écoles qui y participent pourront utiliser le pass culture, réservé pour l'instant aux collèges-lycées.
Avec l'expérimentation pédagogique, "le danger c'est qu'on n'ait plus affaire à une école de la République mais à des écoles complètement différentes en fonction des territoires", conduisant à une "véritable rupture d'égalité des chances", s'inquiète de son côté Virginie Akliouat, secrétaire départementale de la FSU-SNUipp (premier degré).
Le chef de l'Etat, qui imagine la deuxième ville de France comme le laboratoire de ses politiques publiques, veut également "rouvrir" le débat concernant le temps scolaire sur l'année, car "quand on a des vacances de trois mois, l'inégalité revient", a-t-il insisté.
Lundi, il avait déjà annoncé vouloir dédoubler les classes dès la moyenne section de maternelle, élargir progressivement les horaires au collège jusqu'à 18h00, et offrir la possibilité d'entrer à l'école dès deux ans.
Le maire divers-gauche de Marseille, Benoît Payan, s'est en tout cas félicité des investissements sans "équivalent dans le pays depuis 1945 pour les écoles": "on aura terminé d'ici 2026 la rénovation et la reconstruction de 60 écoles", a-t-il promis, dont celle en surplomb de la cité de la Castellane, où a grandi Zinedine Zidane.
Mercredi, au dernier jour de sa visite, Emmanuel Macron reviendra sur les défis en matière de logements, avec 40.000 taudis à rénover, et sur les enjeux du port. Avec potentiellement d'autres manifestations de colère contre la politique de son gouvernement.
Sur le Vieux-Port, mardi en fin d'après-midi, environ 250 manifestants ont ainsi protesté contre la dissolution du mouvement écologiste Soulèvements de la Terre (SLT). "C'est pas ton laboratoire, c'est Marseille BB", proclamait une banderole. "Ils vont plus attiser le feu plus qu'autre chose" en ayant dissout les SLT, a estimé Steven Jia, un doctorant venu protester.