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Immeuble effondré à Marseille: après les secouristes, place aux enquêteurs

Deux femmes, âgées de 65 et 88 ans, et un couple de 74 ans: les enquêteurs ont dévoilé mardi l'identité de quatre des six victimes déjà retrouvées dans les décombres de l'immeuble soufflé dimanche à Marseille, où les secours recherchent encore deux dernières personnes.

Nicole Gacon, 65 ans, vivait dans l'appartement en rez-de-jardin, à cheval entre le 15 et le 17 de la rue; Antionietta Alaimo, épouse Vaccaro, 88 ans, était au premier étage; Jacques Praxy et Anne-Marie Praxy née Genovesi, son épouse, 74 ans tous les deux, habitaient eux au 3e étage.

Derrière les six corps extraits des décombres du bâtiment qui s'est effondré au 17 rue de Tivoli dimanche à 00H46, des parcours de vie ont commencé à émerger, lors d'une conférence de presse de la procureure de la République de Marseille Dominique Laurens, avec l'annonce de l'identité des quatre premières victimes, identifiées grâce à des éléments ADN, capillaires et dentaires.

Dans sa première conférence de presse dimanche, la magistrate avait aussi évoqué "un couple de jeunes trentenaires".

Selon le quotidien régional La Provence, ils habitaient au deuxième étage, et les deux derniers habitants de l'immeuble, au rez-de-chaussée, seraient eux un couple d'octogénaires.

En attendant l'identification des deux corps encore anonymes, deux personnes seraient donc toujours sous les gravats.

- 950 m3 de gravats -

Mais "il y a toujours de l'espoir", a assuré en fin de journée le capitaine de vaisseau Christophe Guillemette, commandant en second du bataillon des marins-pompiers de Marseille. "Quand on remonte le fil des événements de ce type, il y a toujours des histoires extraordinaires", a-t-il assuré, tout en reconnaissant que la structure des immeubles de ce quartier du centre de Marseille, en pierre et terre et non pas en béton, ne facilitait pas la formation de poches permettant à d'éventuels survivants d'attendre les secours.

Travaillant désormais essentiellement à la main, les secours étudient aussi le moyen de conforter la structure des deux immeubles contigus à ceux qui se sont déjà effondrés, partiellement ou totalement, dans la catastrophe.

Les N.11 et 19 de la rue de Tivoli "risquent de s'effondrer à tout moment", a expliqué le capitaine de vaisseau.

Quelque 950 m3 de gravats ont déjà été retirés du site, et les marins-pompiers estiment à environ 500 m3 la masse qui reste.

Du côté de l'enquête judiciaire sur les origines du drame, ouverte pour homicides involontaires, on travaille toujours "sur l'hypothèse d'une explosion au gaz", a insisté mardi Mme Laurens, en précisant que seuls les appartements du rez-de-chaussée et du 1er étage en étaient équipés.

Parmi les décombres, les enquêteurs ont retrouvé le compteur de gaz de Mme Vaccaro. Celui-ci a été transmis à GRDF afin de vérifier une éventuelle "consommation anormale dans les 24 heures précédant l'explosion".

En fin de journée, pour faire progresser l'enquête, les autorités ont par ailleurs lancé un appel à témoignages à toute personne qui se serait trouvée dans la rue de Tivoli juste avant les faits, entre 00H30 et 00H45 dans la nuit de samedi à dimanche.

- "Apprécier le risque" -

Dans le quartier, les enfants ont eux repris le chemin de l'école, après le long week-end de Pâques.

Pour les élèves de l'école élémentaire Franklin-Roosevelt, rue de Tivoli, cette rentrée a cependant eu un goût particulier: le bâtiment ayant été réquisitionné par les marins-pompiers, pour leur poste de commandement, ils ont été répartis dans différentes écoles du quartier.

Du côté des quelque 300 personnes désormais évacuées par précaution des immeubles voisins, la question est de savoir quand elles pourront revenir chez elles.

"Tant que nous sommes sur une opération de sauvetage, nous resterons sur ce périmètre de sécurité", a expliqué mardi soir le capitaine de vaisseau Christophe Guillemette: "Concomitamment, (...) nous essayons de mettre en place une stratégie pour essayer d'apprécier le niveau de risque ou l'absence de risque dans l'ensemble de la zone. Quand nous aurons cette vision globale, nous pourrons définir une stratégie et la proposer à M. le maire pour réintégrer l'ensemble des habitations".

Certains des habitants des 220 logements vidés ont pu rentrer chez eux depuis dimanche, quelques minutes, pour récupérer effets personnels et documents administratifs indispensables.

"Le pire, c'est de ne pas savoir combien de temps ça va durer. Ce qui m'angoisse le plus c'est de pas savoir où je vais vivre, s'il faut que je me trouve un nouvel appartement", témoigne Alhil Villalba, 33 ans.

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