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La Bourse de New York évoluait en baisse mercredi peu après l'ouverture avec le retour de l'anxiété relative au secteur bancaire et un fléchissement en Europe, qui favorisaient un mouvement d'aversion au risque.
Vers 14H00 GMT, le Dow Jones rendait 1,72%, l'indice Nasdaq reculait de 1,26% et l'indice élargi S&P 500 de 1,63%.
"Les actions des banques font de nouveau bouger les marchés" après que la Banque nationale saoudienne a indiqué qu'elle n'augmenterait pas sa participation au capital de Credit Suisse, établissement fragilisé dont elle est le premier actionnaire, a relevé Chris Low, de FHN Financial.
Dans la foulée des banques européennes, les établissements américains étaient de nouveau mis en quarantaine. Les acteurs de taille moyenne et les banques régionales étaient les plus touchées, notamment les Californiennes First Republic (-14,58%) et PacWest (-20,38%), ainsi que l'enseigne de Phoenix (Arizona) Western Alliance (-6,16%).
Mais la marée montait jusqu'à certains mastodontes du secteur aux Etats-Unis, comme Capital One (-6,00%), Citigroup (-5,14%) et Wells Fargo (-4,68%).
"Il n'y a pas de fumée sans feu", a commenté Adam Sarhan, de 50 Park Investments. "Il y a clairement un problème au sein du système financier, pas seulement avec une petite banque régionale de Californie."
L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, a bondi jusqu'à plus de 20% mercredi, témoignant de la nervosité des investisseurs.
"Tant qu'on n'y verra pas plus clair, tout le monde se met en position défensive", a lancé Adam Sarhan.
Tout comme lundi, les opérateurs se ruaient sur les actifs jugés les plus sûrs, en priorité les bons du Trésor américains. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans est tombé à 3,38%, contre 3,68% la veille en clôture.
Une vague d'achat d'obligations fait monter leur prix et baisser leur rendement, les deux évoluant en sens opposés.
Le taux à 2 ans, très volatil ces derniers mois car il est plus sensible aux anticipations des opérateurs en matières de politique monétaire, a dégringolé jusqu'à 3,71%, au plus bas depuis six mois.
Habituellement soutenu par une détente des taux obligataires, le secteur technologique était en berne, en particulier le géant des semi-conducteurs Broadcom (-1,77%) et le fabricant de cartes graphiques Nvidia (-2,02%).
Le Dow Jones ne faisait guère mieux, quasiment toutes les valeurs composant l'indice évoluant en négatif.
"Les ingrédients sont en place pour un épisode similaire à 2008", avance Adam Sarhan. "Je ne dis pas que cela va arriver, mais les conditions sont là."
Compte tenu du climat de crispation généralisée, les opérateurs ont fait peu de cas des indicateurs du jour, qui avaient pourtant de quoi les séduire.
Les prix à la production ont reculé de 0,1% en février sur un mois, alors que les économistes prévoyaient une hausse de 0,3%, un signe encourageant de ralentissement de l'inflation.
Par ailleurs, les ventes de détail ont, elles aussi, baissé de 0,4%, toujours en février, conformémement aux attentes, tandis que l'indice d'activité industrielle dans la région de New York, l'Empire State Manufacturing Index, a dérapé, en mars, à -24,6, nettement plus bas que prévu (-7,6).
Cette décélération de l'économie, ajoutée aux turbulences qui secouent le système bancaire, ont poussé les traders à recalibrer brutalement leurs prévisions en matière de politique monétaire.
Mercredi, ils accordaient à l'hypothèse d'un maintien du taux directeur de la banque centrale américaine (Fed) inchangé, lors de la prochaine réunion, une probabilité de quasiment 50%, l'autre scénario étant celui d'une hausse d'un quart de point.
Ils voyaient aussi majoritairement la Fed baisser son taux d'au moins un point de pourcentage d'ici fin 2023 par rapport au niveau actuel, soit l'opposé des prévisions dominantes il y a encore quelques semaines (+1 point).