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L'Azerbaïdjan suspend la circulation entre l'Arménie et le Nagorny Karabakh

L'Azerbaïdjan a annoncé mardi avoir suspendu la circulation sur le corridor de Latchine, le seul axe routier reliant l'Arménie à l'enclave du Nagorny Karabakh, accusant la branche arménienne de la Croix-Rouge de "contrebande".

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réfuté ces accusations et assuré qu'aucune marchandise non autorisée n'avait été trouvée dans ses véhicules.

Depuis décembre, l'Arménie alerte la communauté internationale sur le risque d'une grave crise humanitaire dans cette région séparatiste, du fait de pénuries de vivres et de médicaments causées par les restrictions de circulation sur le corridor.

Nouvelle étape de ces tensions, les gardes-frontières azerbaïdjanais ont annoncé mardi que "le passage via le poste-frontière de Latchine (était) temporairement suspendu".

Selon eux, cette mesure est motivée par "de multiples tentatives de contrebande", via ce point de contrôle, par des véhicules appartenant à la branche arménienne de la Croix-Rouge.

Les gardes-frontières disent notamment avoir saisi entre le 1er et le 5 juillet une dizaine de téléphones portables et des centaines de paquets de cigarettes lors de fouilles dans ces véhicules.

Ils affirment que la Croix-Rouge arménienne n'a pas pris de mesures pour prévenir ces "actions illégales" et qu'une enquête criminelle a été ouverte, le poste-frontière devant rester fermé jusqu'à la fin des "mesures d'enquête nécessaires".

- "A notre insu" -

Réagissant à ces accusations, le CICR a assuré qu'"aucune marchandise non autorisée n'a été trouvée" dans un véhicule lui appartenant, reconnaissant toutefois que quatre chauffeurs ont "tenté à notre insu de transporter des marchandises commerciales dans leurs propres véhicules, qui arboraient temporairement l'emblème du CICR".

Les contrats de ces chauffeurs, qui n'étaient pas membres du CICR, ont été "immédiatement résiliés".

Cette annonce risque en tout cas de tendre les négociations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, prévues en juillet sous la médiation de l'Union européenne.

Mardi, la diplomatie arménienne a appelé à redoubler "les actions et les efforts internationaux" pour mettre fin au blocus du Nagorny Karabakh et rouvrir le corridor, rappelant ses craintes d'un "nettoyage ethnique" de la région.

Les deux pays du Caucase se disputent le Nagorny Karabakh depuis la fin des années 1980, entraînant deux guerres dont la dernière, en 2020, a vu la défaite des forces arméniennes et des gains de territoire importants pour l'Azerbaïdjan.

Une partie de l'enclave, à majorité ethnique arménienne mais située sur le territoire internationalement reconnu de l'Azerbaïdjan, reste sous le contrôle de séparatistes arméniens, mais elle est désormais entourée de territoires tenus par Bakou.

L'Arménie reproche par ailleurs aux soldats de maintien de la paix russes, déployés dans le Nagorny Karabakh depuis fin 2020, de faillir à leur obligation d'assurer la circulation sur le corridor de Latchine.

- "Nettoyage ethnique" -

Depuis décembre, Erevan accuse son voisin d'entraver l'approvisionnement vers la région sécessionniste et d'y créer une crise humanitaire en bloquant le corridor de Latchine.

Initialement, Bakou avait affirmé que des militants écologistes azerbaïdjanais bloquaient la route pour dénoncer des mines illégales.

Mais, en avril, l'Azerbaïdjan a ensuite annoncé avoir installé, pour des motifs "sécuritaires", ce point de contrôle donnant accès depuis l'Arménie au corridor de Latchine.

Fin juin, la branche arménienne de la Croix-Rouge a indiqué que les livraisons médicales aux hôpitaux du Nagorny Karabakh, ainsi que le transport des patients gravement malades, avaient été suspendus via le corridor.

Quelques jours plus tard, selon les gardes-frontières azerbaïdjanais, la circulation avait repris sur cette route.

En juin, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, avait dénoncé une forte dégradation de la situation humanitaire au Nagorny Karabakh, avec des livraisons de nourriture "presque à l'arrêt" et des patients empêchés d'aller se soigner en Arménie.

Selon lui, les actions de Bakou illustraient une volonté de "nettoyage ethnique" dans la région sécessionniste.

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