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Les agriculteurs sont descendus dans les rues de Bruxelles pour exprimer leur colère contre "une politique néolibérale qui brade tout", estime le président de l'association Boerenforum, Tijs Boelens. Selon lui, l'Union européenne devrait abandonner les "chiffres froids" au profit d'une politique incluant les personnes socialement défavorisées, dont les agriculteurs.
Les négociations avec un certain nombre de pays d'Amérique du Sud en vue d'un nouvel accord de libre-échange dit "Mercosur", ne sont que le dernier avatar d'une politique qui considère le gain économique comme étant le seul objectif, selon le Boerenforum. Il cite à titre d'exemple l'accord de libre-échange avec le Canada (l'Accord économique et commercial global ou AECG) et les mesures relatives aux importations de produits agricoles bon marché en provenance d'Ukraine.
Les frustrations des agriculteurs remontent aux années 1980. A l'époque, les agriculteurs avaient déjà exprimé pacifiquement et à plusieurs reprises leur mécontentement. "Mais, à contrecœur, nous ne sommes écoutés que lorsque nous provoquons des remous".
Les engagements récemment pris par la Commission européenne, tels que la poursuite de l'autorisation de l'utilisation des pesticides et le report de la mise en jachère obligatoire d'une partie des terres agricoles, sont considérés par M. Boelens comme des "miettes".
"Ils ne veulent nous donner que des miettes, mais nous voulons du pain et même toute la boulangerie. Je veux dire par là que la véritable solution réside dans une politique commerciale différente, qui nous permette de préserver une stratégie alimentaire souveraine", a insisté le président du Boerenforum, qui plaide en faveur d'un nouveau New Deal dans lequel les richesses seraient redistribuées au sein de l'Europe.
"L'Europe choisit de semer le désespoir et la misère, et c'est ainsi qu'elle récolte la colère. En tant qu'agriculteurs, nous savons très bien ce que c'est, semer et récolter", a conclu Tijs Boelens.