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Le gouvernement de gauche espagnol a annoncé mardi une série de mesures pour aider les plus modestes, destinées à atténuer l'impact de l'inflation dans le secteur alimentaire, dont la suppression totale de la TVA sur les denrées de première nécessité.
Réuni pour le dernier conseil des ministres de l'année, et à moins d'un an des prochaines élections générales en Espagne, le gouvernement a également décidé d'accorder une aide de 200 euros aux familles les plus modestes.
Il s'agit là des deux mesures phares d'un nouveau paquet d'aides anti-crise d'une valeur de 10 milliards d'euros, qui porte à 45 milliards d'euros le total des mesures prises cette année par le gouvernement du Premier ministre Pedro Sánchez pour aider les Espagnols à faire face à l'explosion de l'inflation résultant en grande partie du conflit en Ukraine.
Par rapport aux précédents paquets d'aides, qui ciblaient en priorité l'énergie (électricité et gaz), les mesures prises mardi sont centrées sur les produits alimentaires, dont la hausse sur un an a atteint 15,3% en novembre.
Durant les six prochains mois, "la TVA baissera de 4% à 0% pour toutes les denrées de première nécessité", comme le pain, le lait, le fromage, les fruits, les légumes ou les céréales, a déclaré M. Sánchez lors d'une conférence de presse.
La TVA sur l'huile et les pâtes passera, elle, de 10% à 5%.
L'autre mesure choc adoptée mardi matin porte sur la mise en place d'une aide de 200 euros, versée une fois, au bénéfice des familles dont les revenus n'excèdent pas 27.000 euros par an, afin de "compenser la hausse des prix des produits alimentaires", a expliqué M. Sánchez.
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février, le gouvernement espagnol a multiplié les aides pour aider les ménages les plus modestes à faire face à l'inflation, qui a explosé dans toute l'Europe.
Après avoir atteint un pic de 10,8% en juillet, son plus haut niveau depuis 38 ans, l'inflation a progressivement ralenti pour se situer à 6,8% en novembre. Mais cette baisse ne touche pas encore le secteur de l'alimentation, dont les prix continuent de grimper.
- "Tardives et insuffisantes" -
Les mesures prises au cours de l'année par l'exécutif prenant fin le 31 décembre, le gouvernement devait impérativement décider cette semaine de leur éventuel maintien.
M. Sánchez a ainsi annoncé la prorogation pour six mois supplémentaires d'un taux de TVA réduit à 5% sur l'électricité et le gaz. De même, l'arrêt des services de base aux plus vulnérables qui ne peuvent payer leurs factures restera interdit en 2023.
Dans le domaine du logement, M. Sánchez a annoncé la prorogation pour une année supplémentaire de la limitation à 2% de la hausse des loyers, normalement ajustés annuellement d'un montant égal à celui de l'inflation. Et les expulsions restent suspendues pour les six prochains mois.
Il s'agissait là d'une exigence du parti de gauche radicale Podemos, partenaire des socialistes au sein de la coalition gouvernementale.
De même, la réduction des tarifs des transports publics urbains est maintenue pour toute l'année 2023.
En revanche, la ristourne de 20 centimes par litre de carburant, dont bénéficient actuellement tous les automobilistes sera réservée, à partir du 1er janvier, aux "secteurs les plus touchés" par l'inflation, à savoir les transporteurs, les agriculteurs, les compagnies maritimes et les pêcheurs, a encore déclaré M. Sanchez.
Ces mesures surviennent dans un climat politique très tendu, à moins d'un an des prochaines élections générales, qui auront lieu au plus tard en décembre 2023.
Elles ont aussitôt suscité les critiques du principal parti d'opposition, le Parti populaire (PP, droite conservatrice), que les sondages donnent en tête si les élections avaient lieu aujourd'hui.
"Tardives et insuffisantes", a jugé la secrétaire générale du PP, Cuca Gamarra, à propos de ces aides.
M. Sánchez avait anticipé ces critiques en assurant, graphique à l'appui, que "l'Espagne a réduit l'inflation comme aucun autre pays européen".