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Luxe: Hermès, en forme olympique

Hermès dans l'Olympe: le groupe de luxe a détonné avec des résultats en forte croissance, fermant la marche des publications semestrielles du secteur qui connaît un ralentissement des ventes aux Etats-Unis et une reprise progressive en Chine.

"Hermès pulvérise l'ensemble de l'industrie des produits de luxe": l'analyste de la banque Bernstein, Luca Solca, n'a pas tari d'éloges dans sa note rédigée après les résultats semestriels du sellier-maroquinier publiés vendredi.

Les ventes du fabricant des célèbres sacs Birkin et Kelly et des carrés de soie ont grimpé sur un an de 22% à 6,7 milliards d'euros et sa rentabilité atteint 44%, un niveau rare même dans le secteur du luxe où la rentabilité est traditionnellement très élevée et où les perspectives de développement restent exponentielles.

Bain and Company estime que le marché mondial devrait atteindre 360 à 380 milliards d'euros en 2023, contre 345 milliards d'euros en 2022.

En début de semaine, c'est le numéro un mondial du secteur, LVMH avec ses 75 marques (Louis Vuitton, Moët Hennessy, Dior...), qui a annoncé de bons résultats avec un chiffre d'affaires en progression de 15% et une rentabilité de 32,9%.

Malgré cela, le groupe de Bernard Arnault a déçu les marchés financiers inquiets du recul des ventes aux Etats-Unis. "On a un certain ralentissement" là-bas, a reconnu le directeur financier de LVMH Jean-Jacques Guiony, estimant être "très clairement un cran en-dessous en terme de croissance".

Le suisse Richemont, propriétaire de Cartier, a également vu son activité se contracter de 2% dans la zone Amériques alors que les ventes de l'italien Prada sont restées stables.

"Les consommateurs américains freinent leurs dépenses en raison des incertitudes économiques et de la suppression des stimuli à la consommation de la période Covid", expliquait en juin le cabinet Bain and Company dans une étude sur le luxe réalisée avec la Fondation Altagamma.

"Dans ce contexte, les consommateurs américains de produits de luxe concentrent leurs achats sur des pièces de prestige", selon Bain and Company.

- Performance de Kering "faible comme prévu"-

Mais Hermès, lui, ne semble pas concerné. "Il n'y a pas eu de normalisation de la demande chez nous comme chez d'autres, tout ce qu'on a produit a été vendu", a expliqué son dirigeant Axel Dumas lors d'un échange téléphonique avec des agences de presse.

En fait, le groupe "cible les consommateurs haut de gamme plus résilients", décode Luca Solca. Il a vu ses ventes Amériques progresser de 20,7% à 1,2 milliard d'euros.

Pour les autres grands groupes du secteur, le marché chinois est venu compenser le ralentissement américain. "L'année dernière, on a eu un ralentissement en Chine et on a été tiré par les Etats-Unis. Cette année, c'est un peu l'inverse", a expliqué Jean-Jacques Guiony.

Le marché chinois "repart plus lentement que prévu mais sûrement", a confirmé à l'AFP le directeur général de L'Oréal, Nicolas Hieronimus.

La reprise en Asie n'aura pourtant pas suffi pour Kering dont le bénéfice net a baissé de 10% au premier semestre, affecté par la mollesse de sa marque-phare Gucci.

Pour trouver un nouveau souffle, Kering va entrer à hauteur de 30% dans le capital de la maison de couture italienne Valentino. Et il avait déjà annoncé la semaine dernière une réorganisation de sa gouvernance et des changements chez Gucci avec une reprise en mains provisoire de la griffe par le bras droit de François-Henri Pinault, Jean-François Palus.

Des décisions qui ne dissipent pas le flou, selon les analystes.

"A ce stade précoce, la direction n'a fourni que très peu d'éclaircissements sur la stratégie à venir et le calendrier de nomination d'un PDG permanent pour Gucci, se contentant de confirmer que son objectif est la relance du chiffre d'affaires de Gucci", déplore vendredi l'analyste Zuzanna Pusz dans une note de la banque UBS, selon qui au premier semestre, la performance de Kering a été "faible comme prévu".

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