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"Macron, sans solutions, pas de salon": ils sont en colère, déçus, prêts à en découdre. Le seul nom du président suffit à déclencher des huées dans la foule des agriculteurs de la FNSEA réunis devant l'entrée du Salon de l'agriculture à Paris vendredi soir.
A la tribune montée devant le Parc des expositions porte de Versailles, où dans quelques heures la Ferme France s'ouvrira au public, Arnaud Rousseau parle à ses troupes.
Le président du syndicat agricole majoritaire en France revient sur l'invitation, vite annulée par l'Elysée, du collectif écologiste des Soulèvements de la Terre à un grand débat avec le chef de l'Etat prévu samedi, lui aussi annulé. "C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase."
"Houuuuu", gronde la foule de T-shirts floqués "On marche sur la tête."
"Demain, le président de la République entend venir dans ce salon", reprend Arnaud Rousseau.
"On va le saigner!" hurle un agriculteur. Nouveaux sifflets.
Cette colère, résume le président de la FNSEA sur l'estrade, "c'est quelque chose qui vient de loin". Il parle de "dignité", de "revenu", de "ne pas être embêté" au quotidien par des contrôles et normes incessants, rappelle la paperasserie qui les étouffe et les a faits sortir de leurs fermes il y a plusieurs semaines.
"Demain, on veut des papiers signés", crie un adhérent. "Je lui dirai", répond Arnaud Rousseau, qui juge important que le président Macron "entende la colère du monde agricole".
"Ce salon, c'est le nôtre", rappelle-t-il. La foule approuve.
Armés de torches, de cloches et de drapeaux aux couleurs de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), des centaines de manifestants ont marché à travers Paris pour une veillée d'armes devant leur "maison".
- "Macron, redescends sur terre" -
"Avoir même imaginé un débat avec un mouvement - les Soulèvements de la Terre - que le gouvernement a lui-même qualifié d'éco-terroriste, qui nous dénigre, détruit nos installations, c'est marcher sur la tête", estime Martin, 28 ans, dans la rue pour la première fois.
"Nous mettre sur un pied d'égalité avec ces gens, ça a choqué le monde paysan", abonde Olivier Jendrop, céréalier de 42 ans, venu de Seine-et-Marne.
Sous sa pancarte "Manu Tchao!", Romain Garnier explique: "Si ça ne bouge pas, il faut qu'il parte. Avec ce qu'il nous a donné pour l'instant, c'est tchao."
Lui voudrait pouvoir à nouveau utiliser de l'acétamipride, un insecticide néonicotinoïde interdit en France mais encore utilisé en Allemagne pour prémunir la betterave à sucre d'un puceron. "Il suffit de le décider: c'est rapide, c'est concret."
Venue de l'Aisne, Mathilde de Wever, 45 ans, dirige avec son mari une ferme en polyculture-élevage. "Marre des promesses: ce métier c'est une passion. Pour nous, pas de cinéma, pas de piscine, pas de restau, ça me va, mais laissez-nous travailler!"
Elle ne décolère pas sur l'obligation de jachère pour 4% des terres. "C'est comme si on vous interdisait une pièce dans votre maison, mais que vous devez quand même nettoyer. Qui accepterait ça?"
Marre des injonctions "de gens qui ne connaissent rien à l'agriculture. Couper à cette date, planter à ce moment, déclarer ceci et cela. Des heures perdues... L'administration travaille avec des dates, nous avec le climat. Ça suffit", résume son mari Alexis.
Devant lui, un grand gaillard sourit, tenant haut sa pancarte: "Macron, après les soulèvements, redescends sur terre."
"Franchement", lâche un cadre du syndicat, "on ne maîtrise rien. Ils sont chauds bouillants".
"Le salon c'est nous", "ici c'est notre maison", sont-il nombreux à dire, bière à la main, criant pour couvrir la sono tonitruante jusque devant les baraques à frites qui débitent sans discontinuer.
"On est là pour la nuit. Après le bras d'honneur qu'il nous a fait hier (jeudi), il doit venir nous annoncer des choses", estime Vincent Bouvrain de la région parisienne.
Quelles choses? "Un cap", "une vision" et quelque chose qui change dans la cour des fermes. Maintenant.