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Quatre ans après l'incendie de Notre-Dame, une juge enquête sur la pollution au plomb

Des flammes gigantesques, des images qui font le tour du monde... et des riverains intoxiqués au plomb ? Quatre ans après l'incendie en mondiovision de Notre-Dame de Paris, une juge d'instruction enquête sur une plainte accusant les autorités de n'avoir pas pris toutes les précautions pour éviter des contaminations.

Après une première plainte à l'été 2021, qui avait donné lieu à une enquête préliminaire, l'association Henri Pézerat, l'Union départementale CGT-Paris et deux parents d'élèves ont demandé dans une plainte avec constitution de partie civile de juin 2022 la désignation d'un magistrat instructeur, ce qui a été fait, a appris mercredi l'AFP de source proche du dossier, confirmée par une source judiciaire.

Le 15 avril 2019, un gigantesque incendie ravage la cathédrale, chef-d'oeuvre de l'architecture gothique, provoquant l'effondrement de sa charpente, de sa fameuse flèche, de son horloge et d'une partie de sa voûte, sous le regard médusé de millions de personnes à travers le monde.

Dans le brasier, 400 tonnes de plomb du toit et de la flèche de Notre-Dame partent en fumée, soit "près de quatre fois les émissions annuelles de plomb dans l'atmosphère, dans la France entière", notent les plaignants.

Si le risque lié à une pollution de l'air est assez rapidement écarté, riverains et associations s'inquiètent vite de la retombée au sol de ce métal lourd toxique, qui peut être rapporté chez soi sous ses semelles et être ingéré par les enfants.

Douze jours après l'incendie, la préfecture de police recommande aux riverains de nettoyer leurs habitations, et souligne avoir interdit l'accès à quelques zones, notamment des jardins aux abords de la cathédrale présentant des traces de plomb.

A l'été 2019, le parvis est fermé et le chantier suspendu quelques semaines, après des alertes sur les niveaux de plomb mesurés. A la réouverture, de nouvelles mesures de protection sont prises pour les travailleurs.

Au même moment, un "nettoyage approfondi" est réalisé "par précaution" dans certaines écoles jouxtant la cathédrale. La rentrée est reportée de quelques jours dans cinq écoles privées.

La mairie de Paris assure alors qu'il n'y a "aucun risque pour la santé" des enfants, sur la base de prélèvements réalisés un mois après l'incendie, une interprétation contestée par des associations de riverains.

En juillet 2021, l'agence gouvernementale Santé publique France indique d'ailleurs que l'incendie n'a pas causé d'augmentation "significative" de la concentration de plomb dans le sang des enfants riverains.

- "Responsabilités" -

Pour les plaignants, "en dépit de l'ampleur de l'incendie et de la connaissance des risques de pollution et de contamination (...), aucune précaution particulière n'a été prise par les autorités concernées pendant plus de trois mois après l'incendie", mettant en danger les "enfants (dans les crèches et écoles), les riverains et les travailleurs (du quartier et de la cathédrale)".

D'après eux, l'Agence régionale de santé (ARS), la préfecture de police (PP), la mairie de Paris ou encore le ministère de la Culture auraient dû prendre les mesures les plus drastiques juste après le brasier.

La ville de Paris, dans un communiqué, l'ARS Ile-de-France et la préfecture de police, sollicités par l'AFP, ont indiqué se tenir "à disposition de la justice".

L'ARS Ile-de-France a rappelé qu'"après l'incendie, un dispositif de surveillance sanitaire renforcé a été mis en place et des mesures de prévention et de gestion ont été recommandées par l’agence".

Les plaignants s'inquiètent en outre de la dissémination accrue du plomb imputée au chantier titanesque lancé juste après l'incendie, ainsi que du manque de mesures de protection suffisantes pour les personnels intervenant sur les travaux.

"Satisfait", l'avocat des plaignants, Me François Lafforgue espère de l'information judiciaire "que les responsabilités soient dégagées concernant la contamination d’enfants scolarisés ou vivant à proximité de Notre-Dame et concernant l’exposition massive des travailleurs présents sur le chantier".

Une autre plainte de l'association Robin des Bois, a été jugée irrecevable par la cour d'appel de Paris en décembre pour des raisons procédurales.

Une information judiciaire est par ailleurs toujours en cours pour tenter de déterminer les causes de l'incendie de l'édifice, dont la réouverture est prévue en 2024.

Les associations s'inquiètent de voir reconstruite à l'identique et avec les mêmes matériaux, donc du plomb, la cathédrale restaurée au XIXe siècle par Viollet-le-Duc.

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