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Soupçons d'"abus de bien social" chez Go Sport en pleine tourmente

Nouveaux nuages à l'horizon pour Go Sport. Alors que ses salariés attendent anxieusement de savoir jeudi si le groupe de magasins de sport, en difficulté, sera placé en redressement judiciaire, le parquet de Grenoble a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête préliminaire pour "abus de bien social".

La section de recherches de la gendarmerie de Grenoble a été saisie en ce sens le 9 novembre 2022, selon le procureur adjoint François Touret de Coucy, confirmant une information du journal Libération.

"Les commissaires aux comptes ont transmis plusieurs révélations de faits délictueux", a-t-il ajouté, sans plus de détails.

Ces nouveaux éléments apparaissent alors que Go Sport, qui emploie 2.160 salariés en France, est dans l'attente d'une décision du tribunal de commerce de Grenoble sur une éventuelle procédure de redressement judiciaire.

Fin décembre, après une première audience, la justice avait donné à un juge enquêteur la mission de "faire un état précis de la situation financière" du groupe et de sa filiale Go Sport France, avec l'aide de ses cabinets d'audit et de ses commissaires aux comptes.

Une audience s'est tenue lundi et la décision doit être rendue jeudi.

Les salariés de Go Sport, et surtout leurs représentants syndicaux et le comité social et économique central (CSEC) s'inquiètent de la santé financière du groupe, s'alarmant en particulier d'une remontée de 36 millions d'euros de trésorerie de Go Sport vers sa maison-mère, le groupe HPB (Hermione, People & Brands).

HPB, branche distribution de la Financière immobilière bordelaise (FIB), un fonds d'investissement de l'homme d'affaires Michel Ohayon, affirme pour sa part que Go Sport n'est "pas en état de cessation de paiements" et devrait même renouer avec les bénéfices cette année après 17 ans de pertes.

Contacté par l'AFP, HPB n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations du parquet de Grenoble.

Les représentants des salariés de Go Sport ont pour leur part salué la nouvelle, soulignant que "cela fait plusieurs mois qu'(ils alertent) sur des mouvements financiers potentiellement suspects de nature à mettre en péril la continuité de l'entreprise", dans un communiqué à l'AFP.

"Cette enquête pourrait sans doute prouver que les salariés de l'entreprise Go sport, comme avant nos collègues de Camaïeu, et peut-être demain Gap, ne pourraient être que les victimes de la gestion incompétente et malveillante de sa holding HPB. Aujourd'hui, c'est une première victoire car la justice pénale avance", poursuivent-ils.

- "Ponctions" suspectes -

Selon Libération, qui cite des sources proches du dossier, les enquêteurs s'intéressent à deux "ponctions" suspectes sur la trésorerie de Go Sport, totalisant plus de 50 millions d'euros, alors que la chaîne de magasins de sport a bénéficié de deux prêts garantis par l'Etat, d'un montant de 55 millions d'euros, pour l'aider à surmonter ses difficultés au moment de la crise sanitaire.

La première, de près de 18 millions d'euros, aurait servi à payer les salaires de l'entreprise de prêt-à-porter Camaïeu --qui appartenait également à HPB-- juste avant sa liquidation début décembre.

La deuxième, de 36 millions d'euros --soit le même montant que celui évoqué par les syndicats--, aurait été utilisée pour financer l'achat du réseau de 21 magasins de vêtements Gap, racheté pour un euro par HPB, pour les intégrer à Go Sport. HPB a annoncé le 12 janvier "l'acquisition de GAP France par Go Sport" pour un montant de 38 millions.

Go Sport, fondé en 1978 et basé à Sassenage en banlieue de Grenoble, avait été repris par HPB fin 2021 pour un euro symbolique auprès de la maison-mère du groupe de distribution alimentaire Casino, la société Rallye, elle-même lourdement endettée.

M. Ohayon s'est fait connaître ces dernières années en rachetant de nombreuses enseignes de la distribution souvent à bas prix ou devant les tribunaux: Go Sport, Camaieu mais aussi certains magasins Galeries Lafayette, La Grande Récré, Gap France ou encore Café Légal.

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