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La rémunération de Carlos Tavares, le patron de Stellantis, s'est encore accrue en 2022, surfant sur les excellents résultats du groupe automobile, au risque de relancer le débat sur les salaires des dirigeants du CAC40.
Elle pourrait ainsi atteindre à terme 23,5 millions d'euro pour l'an dernier, s'il est au rendez-vous d'objectifs fixés pour 2025, a annoncé l'entreprise samedi dans son rapport financier annuel.
Pour 2021, ce montant devrait s'élever à 19 millions d'euros, selon ces mêmes calculs intégrant des bonus de long terme versés sur plusieurs années.
Le groupe automobile, issu de la fusion en 2021 de Peugeot-Citroën et de Fiat-Chrysler, sort d'une deuxième année exceptionnelle avec un bénéfice net record de 16,8 milliards d'euros.
Malgré des volumes de vente en baisse, notamment en Europe, il a pu défendre ses marges en augmentant les prix de ses voitures.
L'annonce de la rémunération de son directeur général portugais survient alors que certains syndicats du groupe ont jugé que les 2 milliards d'euros de primes distribués aux 264.000 salariés qu'il compte à travers le monde étaient "nettement en-dessous des attentes".
En France, les salariés bénéficieront d'une prime de 4.300 euros brut au minimum — 3.882 euros net —, soit 300 euros de plus que la prime de 2022.
Stellantis a également annoncé le versement de 4,2 milliards d'euros de dividendes à ses actionnaires.
Figurant l'an dernier en tête des rémunérations des patrons du CAC 40, devant les patrons de Dassault Systèmes ou de Teleperformance, Carlos Tavares s'était attiré les foudres d'Emmanuel Macron qui avait jugé en avril "choquant et excessif" le montant "astronomique" de sa rétribution.
Le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest avait estimé à 66,7 millions d'euros sa rémunération de 2021 et ses bonus de long terme, lissés sur plusieurs années par Stellantis.
La rémunération de Carlos Tavares avait même été rejetée par les actionnaires de Stellantis réunis en assemblée générale. Mais aux Pays-Bas, où est basée la société, ce vote était purement consultatif alors qu'en France, il aurait été contraignant.
Interrogé vendredi sur RTL, M. Tavares a affiché sa sérénité, faisant valoir que lorsque la direction d'une entreprise estimait qu'un salaire élevé était justifié "ça voulait dire que l'entreprise se portait bien".
- 14,9 millions -
Dans le détail, Carlos Tavares a déjà reçu pour l'an dernier 14,9 millions d'euros au titre des salaires, bonus et retraite, soit, selon la direction du groupe, 2,1 millions d'euros de moins que l'année précédente.
L'essentiel de ses revenus (91%) est variable, soumis à sa performance, précise cependant Stellantis.
Outre ces 14,9 millions d'euros, il pourrait ainsi toucher d'ici à 2026 des actions dont le montant sera fixé en fonction de la réalisation de ses objectifs, financiers, commerciaux ou technologiques.
Sa rémunération totale pourrait atteindre de cette manière près de 23,5 millions pour l'an dernier. Il percevrait ainsi chaque jour le salaire moyen annuel d'un salarié du groupe, 64.328 euros selon Stellantis.
Cette rémunération est "alignée avec celle de ses pairs" européens et américains, a fait valoir un porte-parole du groupe samedi auprès de l'AFP.
Le constructeur américano-franco-italien souligne aussi que la société a "augmenté le niveau de détail et de transparence du rapport de rémunération" de ses dirigeants.
Le rapport 2022 donne effectivement davantage de précisions sur les objectifs de M. Tavares.
Outre des bonus liés à hausse de l'action Stellantis ou à la baisse des émissions de CO2, M. Tavares pourrait notamment avoir droit à une prime de "transformation" liée à la révolution électrique du marché automobile.
Cette prime pourrait atteindre 25 millions d'euros, avec un versement en plusieurs fois d'ici 2025. Le premier objectif, dépasser les 15% de ventes électriques et hybrides sur le marché européen, a largement été atteint.
Stellantis va également modifier les conditions de distribution de primes en actions pour 1.600 de ses dirigeants, en les soumettant uniquement à des critères de performance. Ces nouvelles mesures seront soumises au vote des actionnaires en avril lors de leur prochaine assemblée générale.