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Pour réduire les inégalités de richesses, "taxez-moi et taxez les gens comme moi", exhorte dans un entretien à l'AFP Phil White, un millionnaire britannique présent au forum de Davos, jugeant que ces écarts "fragmentent le monde".
"Si j'étais au salaire minimum et que j'appelais à une taxation des plus riches, peu de gens m'écouteraient", s'amuse l'ingénieur de formation de 71 ans qui a fait fortune grâce à la vente d'une société de consultant à un groupe de capital-investissement il y a quelques années.
"J'ai gagné assez d'argent pour être bien loti", reconnaît-il sans en dire davantage. Mais, poursuit-il, "je serais très heureux de payer plus d'impôts, et je demande à mon gouvernement: taxez-moi et taxez les gens comme moi".
Comme lui, plus de 200 autres "millionnaires patriotiques" venus de 13 pays ont demandé mercredi dans une lettre ouverte envoyée aux participants du Forum de Davos à être davantage taxés. Parmi eux, "des gens qui ont hérité, des gens qui ont travaillé, des entrepreneurs, des traders", souligne Phil White.
- Mark Ruffalo, Abigail Disney... -
Egalement des personnalités comme l'acteur américain Mark Ruffalo, connu pour son rôle de Hulk dans les films Marvel, et une des héritières de l'empire Disney, Abigail Disney.
"Le thème principal du Forum de Davos est cette année l'unité dans un monde fragmenté. C'est exactement ce que l'on observe", affirme M. White, estimant toutefois que ce sont les inégalités de richesses "qui fragmentent le monde" et non autre chose.
Ces inégalités se sont envolées au cours des dix dernières années, s'est inquiétée l'ONG Oxfam dans un rapport publié à l'ouverture du rendez-vous annuel suisse, lundi.
Sur 100 dollars de richesse créée, 54,4 dollars sont allés dans les poches des 1% les plus aisés, tandis que 70 centimes ont profité aux 50% les moins fortunés, a-t-elle constaté, militant elle aussi pour une taxation accrue des milliardaires afin d'en diviser le nombre par deux d'ici 2030.
Pour Phil White, qui a également participé dimanche en Suisse à une marche pour la protection du climat, la taxation accrue des grandes fortunes pourrait démarrer à 1 ou 2% chaque année à partir de 4 ou 5 millions de dollars de richesse. "Ce ne sont pas des sommes énormes, avec le temps cela permettrait d'éroder l'extrême richesse" souligne-t-il.
A l'heure où la philanthropie est très à la mode parmi les grandes fortunes, à l'image des promesses de dons réalisées par des milliardaires tels que Mark Zuckerberg, Warren Buffett ou Bill Gates, le Britannique juge que cette démarche est "un pas dans la bonne direction" mais que "ce n'est pas du tout la bonne réponse" pour réduire les inégalités car beaucoup moins efficace que la taxation.
De plus, "certains le font uniquement pour des questions d'image", estime-t-il, ajoutant que le public doit réaliser que "la philanthropie consiste simplement parfois à se cacher derrière un drap de respectabilité devant le public".