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Le conseil d'administration de Telecom Italia (TIM) a demandé vendredi au fonds d'investissement américain KKR de revoir à la hausse son offre déposée début février pour acquérir une part majoritaire dans le réseau fixe de l'opérateur italien.
Le conseil a "fortement apprécié l'intérêt exprimé" pour le réseau, tout en considérant que l'offre "ne reflète pas pleinement la valeur de l'actif", indique le groupe dans un communiqué.
L'offre est "appréciée, mais à améliorer", a tranché Telecom Italia, fixant la date-butoir pour une nouvelle proposition au 31 mars.
KKR avait soumis une offre non contraignante pour acquérir une part majoritaire dans une future société de TIM regroupant son réseau fixe et les câbles sous-marins, la valorisant à plus de 20 milliards d'euros.
Or, le groupe français Vivendi, principal actionnaire de Telecom Italia avec une part de 23,75%, avait mis la barre plus haut, en réclamant une valorisation à hauteur de 31 milliards d'euros.
TIM avait annoncé mardi avoir reçu une lettre de KKR prolongeant d'un mois le délai de son offre, jusqu'au 24 mars.
L'extension du délai "est due à une demande du gouvernement de disposer de quatre semaines supplémentaires" pour analyser la transaction à la lumière des pouvoirs dont il dispose dans le secteur, selon KKR.
Le gouvernement de Giorgia Meloni aura son mot à dire dans la mesure où il a des pouvoirs spéciaux ("golden power") dans des secteurs considérés comme stratégiques, comme les télécommunications.
L'Etat italien est en outre le deuxième actionnaire de Telecom Italia, à travers la part de 9,81% détenue par la Caisse des dépôts italienne (CDP).
- Prochaine contre-offre ?
Les marchés misent sur une prochaine contre-offre de la CDP, associée au fonds d'investissement australien Macquarie, dont la préparation semble cependant prendre plus de temps que prévu.
TIM a indiqué vendredi vouloir "mettre à la disposition de KKR, sur une base non exclusive, certaines informations spécifiques" en vue d'une amélioration de sa proposition, tout en laissant la porte ouverte à une offre de la CDP.
Le conseil d'administration compte également demander à KKR "des indications supplémentaires nécessaires pour comprendre pleinement" son offre.
"Nous sommes prêts à dialoguer avec le conseil afin de coopérer dans le respect des objectifs stratégiques de TIM", a réagi un porte-parole de KKR.
KKR avait proposé en novembre 2021 de racheter la totalité de Telecom Italia pour 10,8 milliards d'euros, mais cette offre avait été jugée trop basse par Vivendi.
Le fonds est déjà actionnaire à hauteur de 37,5% de FiberCop, l'opérateur du réseau de Telecom Italia.
Le gouvernement a affiché à plusieurs reprises son objectif de créer "un réseau national sous contrôle public", ce qui semblait a priori peu compatible avec la proposition de KKR.
Mais l'offre du fonds n'empêche pas la participation d'une entité publique qui pourrait prendre les commandes sur un plan opérationnel, selon une source financière.
Rome avait bloqué en novembre un projet de rachat de la CDP du réseau de TIM, suspendant de fait l'accord préliminaire en ce sens conclu en mai entre la banque publique et Telecom Italia.
Cet accord, négocié sous l'égide de l'ancien gouvernement de Mario Draghi, prévoyait la fusion du réseau de TIM avec celui de son concurrent Open Fiber, dont la CDP et Macquarie détiennent respectivement 60 et 40%.
Les négociations entre la CDP et Telecom Italia avaient notamment buté sur le prix du réseau, jugé trop élevé par l'Etat.