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La Bourse de New York évoluait en baisse vendredi peu après l'ouverture, plutôt satisfaite du rapport mensuel sur l'emploi, qui montre des signes de ralentissement du marché du travail, mais gardant un oeil inquiet sur le secteur bancaire et l'établissement américain SVB, aux abois.
Vers 15H05 GMT, le Dow Jones perdait 0,18%, l'indice Nasdaq abandonnait 0,82% et l'indice élargi S&P, 0,49%.
Wall Street tentait de digérer en accéléré une série de développements sur les fronts macroéconomique et microéconomique.
D'un côté, le ministère américain du Travail a fait état de 311.000 créations d'emplois en février, soit plus que les 225.000 attendus.
"Les données montrent que le marché du travail demeure vigoureux et que l'économie crée toujours des emplois à un rythme élevé, mais la remontée du taux de chômage et une décélération de la hausse des salaires indiquent un possible ajustement" en cours, a commenté, dans une note, Rubeela Farooqi, de High Frequency Economics.
Le taux de chômage est ainsi passé de 3,4% à 3,6% sur un mois, tandis que le salaire moyen a progressé de 0,2% sur un mois, soit moins que les 0,3% projetés par les économistes, qui était le chiffre enregistré en janvier.
"La réaction initiale (des opérateurs) a été de se dire que la Fed (banque centrale américaine) n'aurait peut-être pas besoin de monter son taux directeur d'un demi-point" lors de sa prochaine réunion, fin mars, a commenté Edward Moya, d'Oanda.
Les investisseurs ont ainsi recalibré brutalement leurs anticipations après la publication du rapport et ont repris comme scénario central un relèvement d'un quart de point le 22 mars.
Mais après quelques minutes dans le vert dans les échanges électroniques préalables à l'ouverture de la séance, les indices se sont retournés, plombés par un nouvel épisode du feuilleton SVB, qui passionne Wall Street depuis mercredi.
La banque régionale californienne, devenue l'établissement privilégié des start-ups et fonds de capital-investissement du secteur technologique, est dans la tourmente et fait l'objet de retraits massifs qui menacent sa survie.
La cotation du titre a été suspendue avant l'ouverture par le Nasdaq, dans l'attente d'une annonce.
Selon la chaîne CNBC, la banque ne parvient pas à réaliser l'augmentation de capital annoncée mercredi et est en discussions avec des grands noms de la place en vue d'une possible reprise.
Les déboires de SVB affectaient d'autres banques de taille moyenne vendredi, en particulier First Republic (-31,19%), 14e établissement américain par la taille des actifs.
Le profil de la banque inquiète particulièrement car sa clientèle est majoritairement composée de personnes fortunées et d'entreprises, dont les dépôts dépassent les 250.000 dollars garantis par l'agence fédérale de protection des dépôts, la FDIC.
Egalement malmenées, la banque de Salt Lake City (Utah) Zions Bancorporation (-6,26%), Huntington (-4,80%), dont le siège se trouve en Ohio, ou Signature Bank (-18,19%), qui a des activités en Californie.
"Il y a un moment qu'on n'avait pas vu un coup de stress comme ça sur le secteur financier", a commenté Edward Moya, pour qui les investisseurs "essayent de jauger l'ampleur" du phénomène. "Le sentiment général est que cela ne va pas déclencher de panique sur les grandes banques."
JPMorgan Chase s'affichait ainsi en hausse de 1,35%.
Malgré tout, l'atmosphère générale était à l'aversion au risque, qui bénéficiait aux obligations d'Etat, considérées comme actifs sûrs.
Le rendement des bons du Trésor américains à 10 ans se détendait violemment à 3,72%, contre 3,90% la veille en clôture. Les taux obligataires évoluent en sens opposés des prix, qui ont bondi du fait de la forte demande.
En un peu plus de 24 heures, le taux de référence américain a perdu près de 30 points de base (0,3 point de pourcentage), une correction rarissime sur le marché obligataire.