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La Bourse de New York a conclu en berne vendredi sa pire semaine de l'année, déprimée par un rebond inattendu de l'inflation américaine.
L'indice Dow Jones a perdu 1,02% à 332.816,92 points, le Nasdaq, à dominante technologique, 1,69% à 11.394,94 points et l'indice S&P 500 1,05% à 3.970,04 points.
L'inflation aux Etats-Unis, mesurée par l'indice PCE, le plus suivi par la banque centrale américaine (Fed), est ressortie à 5,4% sur un an en janvier contre 5,3% le mois d'avant.
Sur un mois, elle a accéléré à 0,6% contre 0,2% en décembre, alors que les analystes s'attendaient à +0,4%. Même sans l'alimentation et l'énergie, l'inflation sous-jacente est aussi sur la pente ascendante (+0,6%).
Cela a provoqué une hausse des rendements obligataires aux détriments des actions.
Ainsi les taux sur les bons du Trésor à deux ans ont bondi à 4,80%, contre 4,69% la veille, atteignant un plus haut depuis 2007. Les taux à 10 ans grimpaient à 3,94% contre 3,87% jeudi.
Le dollar, profitant de cette perspective de taux plus hauts plus longtemps, gonflait de plus d'un demi-point de pourcentage par rapport aux principales monnaies peu avant 22H00 GMT.
Face à l'euro, il repassait sous les 1,06 dollar pour un euro, à un niveau plus vu depuis sept semaines.
Quant à Wall Street, elle accusait sa pire semaine depuis le début de l'année, avec une perte hebdomadaire de presque 2,99% pour le Dow Jones, de 3,33% pour le Nasdaq et de 2,70% pour l'indice élargi S&P 500.
"Les investisseurs ont vendu les actions après cette inflation brûlante qui encourage à parier que la Fed va relever les taux au cours de ses trois prochaines réunions monétaires", soulignait Edward Moya d'Oanda.
Jusqu'ici, soulignait Tom Cahill de Ventura Wealth Management "les marchés misaient plutôt sur une ou deux hausses supplémentaires".
"Difficile de dire que ce chiffre de l'inflation n'est pas inquiétant", a ajouté l'analyste.
Il mentionnait que les futurs relèvements de la Fed pourraient mener le niveau des taux au jour le jour à 5,50% "ce qui commence à avoir le potentiel de pousser l'économie vers la récession".
D'autres facteurs ont pesé sur Wall Street, notamment les tensions géopolitiques avec la guerre en Ukraine entrant dans sa deuxième année et l'envoi prévu vers Taiwan --rapporté dans la presse--, de nouvelles troupes américaines pour aider à l'entraînement militaire.
La baisse des cours a touché tous les secteurs du S&P sauf les matériaux (+0,65%) et les actions bancaires qui ont hissé la tête hors de l'eau (+0,10%) alors qu'avec la hausse des taux, les banques peuvent récupérer des profits en investissant dans les obligations, a noté Tom Cahill.
Ainsi JP Morgan et Wells Fargo ont pris presque 1%.
Mais l'immobilier (-1,82%), qui souffre avec le coût augmenté des crédits immobiliers, et la technologie (-1,77%), très sensible au coût du crédit pour ses investissements, ont mené la baisse.
Boeing, un des poids lourds du Dow Jones, a reculé de 4,80%. Le constructeur aéronautique a de nouveau suspendu la livraison de ses appareils long-courriers 787, déjà interrompue plusieurs mois en 2021 et 2022 pour des malfaçons, afin d'analyser de plus près un élément du fuselage.
Warner Bros Discovery a lâché 1,14% après des ventes trimestrielles décevantes et un marché publicitaire qualifié de "difficile". Paramount a cédé 4,86%, la chaîne de streaming Roku a fondu de 6,20% et Netflix a perdu 2,01%.
Beyond Meat (+10,15%) a été recherché alors que le spécialiste du steak de substitut de viande a annoncé une perte trimestrielle plus faible que prévu et de meilleures ventes, bien qu'en repli.
Le vendeur de voitures en ligne en difficulté Carvana, le perdant de la journée, a dégringolé de 20,54% à 8,01 dollars après une augmentation de ses pertes en 2022 à 1,6 milliard de dollars.