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L'intégralité des aides d'Etat reçues pendant le Covid remboursées, Air France-KLM poursuit son redressement malgré une perte au premier trimestre, et table sur un été "dynamique".
Le groupe a réduit sa perte nette de plus d'un tiers, à 344 millions d'euros, de janvier à mars par rapport aux trois premiers mois de 2022, trimestre traditionnellement le plus faible de l'année.
Pas de quoi remettre en cause la remontée en puissance du groupe, qui avait dégagé 728 millions d'euros de bénéfice net l'année dernière, plus du double de celui de 2019.
Avec la reprise du trafic aérien post-pandémie, le nombre de passagers transportés a progressé de 35% sur les trois premiers mois de 2023.
Combiné à un meilleur taux de remplissage des avions, le chiffre d'affaires a bondi de 42%, à 6,33 milliards d'euros.
Les résultats financiers du premier trimestre ont toutefois pâti de l'indisponibilité de plusieurs avions de KLM en raison de pénuries de pièces détachées nécessaires à leur entretien ou de personnels à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, principale base de la compagnie néerlandaise. Mais aussi de l'impact, certes limité, de la grève des contrôleurs aériens en France.
Le groupe, qui outre Air France et KLM inclut la "low-cost" Transavia, a déployé une capacité au premier trimestre égale à 89% de celle de 2019, mesurée en sièges-kilomètres offerts (SKO), l'un des indices de référence du secteur.
Il prévoit de porter cet indice autour de 95% au troisième trimestre, période qui englobe les cruciales vacances d'été.
- "Forte croissance" -
Pour Transavia, l'un des fers de lance de son développement, il devrait même être "autour de 135%" sur l'ensemble de l'année, grâce notamment à la croissance rapide de la flotte de la compagnie.
"Le groupe affiche une fois encore une forte croissance de son chiffre d'affaires ainsi qu'une solide génération de flux de trésorerie grâce aux ventes de billets très encourageantes pour la saison été", s'est félicité le directeur général d'Air France-KLM, Benjamin Smith, cité dans un communiqué.
"Ceci ouvre la voie à une saison estivale dynamique sur l'ensemble de notre réseau mondial", selon lui.
Interrogé sur l'augmentation des rotations vers la Chine, appelée de ses voeux par le secteur touristique français, le patron d'Air France-KLM, craignant une distorsion de concurrence, a rappelé qu'il y avait un "statu quo" le temps de négociations entre Paris et Pékin.
Les vols d'Air France-KLM vers la Chine doivent contourner l'immense territoire russe en raison des sanctions imposées par l'UE depuis l'invasion de l'Ukraine, rallongeant ainsi les liaisons et leur coût en kérosène.
La compagnie s'estime défavorisée par rapport aux compagnies chinoises. Le groupe s'attend toutefois à une baisse du prix du carburant d'aviation au cours de l'année, l'un des principaux postes de dépenses pour les compagnies.
- "Désormais autonomes" -
Sauvé de la faillite par les Etats français et néerlandais et après deux recapitalisations, il est sorti intrinsèquement plus rentable de la crise après avoir mené un plan de réduction des coûts, se débarrassant de ses avions les moins profitables et réduisant ses effectifs.
De plus, il a fini en avril de rembourser les 3,6 milliards d'euros d'aides apportées par l'Etat français pendant le Covid, se libérant ainsi des contraintes imposées par la Commission européenne en contrepartie, comme l'impossibilité d'acquérir plus de 10% du capital d'une compagnie concurrente.
Cela "nous permet de retrouver notre marge de manoeuvre stratégique. Nous sommes désormais autonomes", s'est réjoui Benjamin Smith.
Interrogé sur un intérêt du groupe pour la compagnie TAP, que le gouvernement portugais entend privatiser, M. Smith a insisté sur la nécessaire rentabilité d'une telle opération.
"Si on achète ou fusionne avec une autre compagnie, on doit trouver des synergies pour que l'investissement soit attrayant", a-t-il indiqué en conférence de presse.
Au total, Air France-KLM a réduit de 0,9 milliard d'euros, à 5,5 milliards d'euros, sa dette nette entre la fin 2022 et fin mars 2023.
Le groupe a par ailleurs annoncé être entré en discussions exclusives avec le fonds américain Apollo pour qu'il injecte 500 millions d'euros au capital d'une filiale du groupe, permettant ainsi à Air France-KLM de renforcer ses fonds propres. Ce même fonds avait déjà investi 500 millions d'euros dans une filiale d'Air France en juillet dernier.