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Après les infirmières, les ambulanciers britanniques ont cessé le travail mercredi pour réclamer une hausse de leurs salaires, accusés par le gouvernement de "sciemment" nuire aux malades.
La contestation sociale prend de l'ampleur face à une inflation qui dépasse 10% et une crise du coût de la vie qui s'aggrave. Les relations se tendent entre les grévistes et le gouvernement conservateur, qui a fermé la porte à toute discussion sur les salaires et juge les demandes d'augmentation "inabordables".
Le mouvement social touche de multiples secteurs: chemins de fer, logistique, police aux frontières, poste etc. Mais la grève des ambulanciers met particulièrement la pression sur le gouvernement en raison des risques qu'elle représente pour les patients qui auraient besoin d'être hospitalisées en urgence.
Reconnaissant une "très forte pression" sur le service d'ambulances --déjà en temps normal débordé-- en raison des grèves, le ministre de la Santé Steve Barclay a demandé au public "de faire preuve de bon sens en ce qui concerne les activités qu'il pratique".
Dans The Daily Telegraph, il accuse les syndicats d'ambulanciers "d'avoir sciemment choisi de faire du mal aux patients", une déclaration jugée "insultante" par le syndicat GMB.
- Baisse de salaire -
Le directeur médical de NHS England a exhorté le public à être raisonnable dans sa consommation d'alcool. "Aujourd'hui sera une journée très difficile pour les services de santé", a dit le professeur Stephen Powis sur la BBC. "Mais nous avons travaillé en étroite collaboration avec les syndicats pour garantir le maintien des services d'urgence pour les maladies mortelles, ce qui inclut les attaques cérébrales et les crises cardiaques".
Plusieurs piquets de grève sont apparus mercredi matin. "Nous ne sommes pas assez payés", déplore Kirsten Reid, une ambulancière de 24 ans interrogée par l'AFP, qui explique faire des journées de plus de douze heures.
Entourée de ses collègues à Crawley, au sud de Londres, elle s'inquiète des conditions de travail et de "la sécurité des patients" au quotidien: "Nous ne nous occupons pas de nos patients dans les délais nécessaires".
Pour Lib Whitfield, une représentante locale du syndicat GMB, le personnel a subi "une réduction de salaire de 20% au cours des dix dernières années", marquées par d'importantes cures d'austérité. "Ils ne peuvent plus se permettre de continuer comme ça".
Mais comme les infirmières, qui ont observé le 15 décembre et mardi une grève inédite, les ambulanciers bénéficient du soutien de l'opinion publique.
Selon un sondage YouGov publié mardi, deux tiers des Britanniques soutiennent les grèves des infirmières, 63% celle des ambulanciers.
"Je pense que cela devait arriver", déclare Peter Herbert, un retraité interrogé par l'AFP à Londres, qui "ne comprend pas pourquoi le gouvernement n'y prête pas plus d'attention".
"Le gouvernement ne leur parle pas, alors quelle autre option ont-ils ?", s'interroge quant à elle Tanaka Chidawanyika, interrogé près de l'hôpital Saint-Thomas, "il est temps qu'ils obtiennent ce qu'ils méritent".
- Ultimatum -
Mardi soir, le syndicat des infirmières Royal College of Nursing a posé un ultimatum au gouvernement en lui donnant deux jours pour trouver un accord sur les salaires. Sinon, il y aura de nouvelles grèves après Noël.
Les infirmières sont devenues un symbole de la crise du coût de la vie.
Mais devant les chefs des commissions parlementaires, le Premier ministre Rishi Sunak est resté inflexible mardi: "Je reconnais que c'est difficile. C'est difficile pour tout le monde, parce que l'inflation est là où elle est".
Le gouvernement a adopté une position très ferme et a promis de légiférer pour limiter les possibilités de grèves. Il est cependant sous pression avec ces mouvements dans la santé, en raison de leur fort soutien dans l'opinion.
Les infirmières ont été en première ligne pendant la pandémie de Covid-19 et subissent une crise qui touche depuis des années le très respecté système public et gratuit de santé, soumis à une forte austérité depuis 12 ans.