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"Un homme d'un courage incroyable": Joe Biden a présenté jeudi en personne ses condoléances à la veuve et à la fille d'Alexeï Navalny, lors d'une rencontre privée à San Francisco qui précède de peu l'annonce de nouvelles sanctions américaines contre la Russie.
Le président américain, en campagne électoral en Californie depuis mardi, s'est entretenu à l'écart de la presse avec Ioulia et Dacha Navalnaïa. Cette dernière, fille de l'opposant russe mort en détention, étudie à l'université californienne de Stanford.
"J'ai eu l'honneur de rencontrer l'épouse et la fille d'Alexeï Navalny", a dit le démocrate de 81 ans lors d'une très brève intervention devant les caméras après l'entrevue. "C'était un homme d'un courage incroyable et c'est extraordinaire de voir comment sa femme et sa fille reproduisent cela".
- "Chantage" -
La Maison Blanche a publié deux photos de la rencontre, dont l'une montre Joe Biden serrant dans ses bras Ioulia Navalnaïa, qui a promis de poursuivre les combats de son mari.
Le démocrate de 81 ans a à nouveau accusé le président russe Vladimir Poutine d'être "responsable de la mort" de son opposant.
La Maison Blanche a répété que les Etats-Unis dévoileraient vendredi des sanctions "majeures" contre la Russie, en réponse à ce décès et pour marquer les deux années écoulées depuis l'invasion de l'Ukraine.
Washington a parallèlement appelé les Russes, par la voix d'un porte-parole de l'exécutif américain, John Kirby, à "rendre" la dépouille de Navalny à sa mère Lioudmila Navalnaïa, qui a accusé les autorités d'exercer un "chantage" contre elle pour l'inhumer en secret.
Dans les années 2010, avant que la machine répressive ne s'abatte complètement sur lui, Alexeï Navalny parvenait à mobiliser des foules, en particulier à Moscou, et, malgré la répression qui a décimé l'opposition, des funérailles publiques pourraient mobiliser ses sympathisants.
"Ils veulent que tout soit fait secrètement, sans cérémonie, ils veulent m'emmener aux confins d'un cimetière, près d'une tombe fraîche, et me dire +ci-gît ton fils+. Je ne suis pas d'accord avec cela", a déclaré Lioudmila Navalnaïa, dans une vidéo diffusée jeudi.
- "Hystérie" -
Les Occidentaux ont empilé les mesures d'embargo et les représailles financières sur des responsables et des entités russes depuis le début de la guerre en Ukraine.
Pour un bon nombre d'experts, la première puissance mondiale et ses alliés ne disposent plus d'une myriade d'options, tandis que la Russie a mis en place divers systèmes de contournement, tout en trouvant à se fournir en armement auprès de l'Iran et de la Corée du nord.
Le ministère de la Justice américain a déjà annoncé jeudi des inculpations d'oligarques russes, tandis que le Royaume-Uni a dévoilé des mesures contre plus de 50 personnalités et entreprises.
Les pays de l'UE s'étaient eux mis d'accord mercredi sur un 13ème paquet de sanctions.
L'équipe d'Alexeï Navalny, mort après trois ans d'emprisonnement dans des conditions de plus en plus éprouvantes, accuse le Kremlin de l'avoir fait tuer et de chercher à dissimuler toutes les traces à ce sujet.
Européens et Américains ont, pour leur part, estimé que Vladimir Poutine et son gouvernement étaient responsables de sa mort, des accusations qualifiées par Moscou de "grossières et infondées". Le président russe n'a pas fait de commentaires publics sur cette affaire.
L'Occident "agit comme s'il était à la fois procureur, juge et bourreau. L'hystérie s'agissant de la mort de Navalny le prouve (...), ces gens n'ont aucun droit de s'ingérer dans nos affaires intérieures", a encore dit jeudi, au Brésil, en marge d'une réunion du G20, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.