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L'Ukraine a mené samedi en Crimée une spectaculaire attaque de drones qui a fait exploser un dépôt de munitions, provoquant l'évacuation de la population alentour et la suspension du trafic ferroviaire dans cette péninsule annexée.
La Russie a elle qualifié de "crime odieux" prémédité la mort dans un bombardement ukrainien d'un journaliste russe, jugeant l'Occident "responsable" aux côtés de Kiev et promettant "une réponse" aux responsables de cette attaque.
Le dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko, fidèle allié de Moscou présenté comme le médiateur entre le Kremlin et Evguéni Prigojine il y a près d'un mois lors de la rébellion avortée de Wagner en Russie, est lui arrivé à Saint-Pétersbourg (nord-ouest) où il doit rencontrer Vladimir Poutine dimanche.
Les deux dirigeants ont prévu notamment de discuter du "partenariat stratégique et d'alliance" entre Moscou et Minsk, selon les termes d'un communiqué publié vendredi par le Kremlin.
La nouvelle attaque ukrainienne samedi en Crimée intervient quelques jours après un assaut contre le pont de Kertch, le seul ouvrage de ce genre qui relie la péninsule à la Russie et sert notamment à acheminer du matériel aux militaires russes sur le front ukrainien.
Cette frappe visait "des installations militaires" et "a été menée par les forces ukrainiennes", a confirmé à l'AFP une source interne à l'armée ukrainienne, sans donner de détails sur le déroulement de l'opération.
Kiev, qui a déclenché début juin une contre-offensive pour reprendre les territoires conquis par Moscou, affirme son intention de récupérer notamment la Crimée, que la Russie a unilatéralement rattachée en 2014 à son territoire.
Vendredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait estimé que le pont de Kertch, construit selon lui en violation du droit international, devait être "neutralisé".
Le gouverneur de Crimée choisi par Moscou, Sergueï Aksionov, a lui expliqué que "l'attaque de drones" avait provoqué une "explosion dans un dépôt de munitions (...) dans le district de Krasnogvardeïski", situé à l'intérieur des terres de la péninsule.
"La décision a été prise d'évacuer les personnes habitant dans un rayon de cinq kilomètres", a-t-il ajouté.
Les autorités prorusses locales ont annoncé en fin de journée que le trafic ferroviaire, temporairement suspendu, était "rétabli".
Selon le ministère de la Santé installé par Moscou, quatre personnes ont été hospitalisés, sans donner plus de détails sur la nature de leurs blessures.
- "Crime odieux" -
Les attaques ukrainiennes, rarement revendiquées, se sont multipliées ces dernières semaines dans cette péninsule.
Dans la nuit du 16 au 17 juillet, une attaque aux drones navals a endommagé le pont de Crimée, déjà touché en octobre 2022.
Vladimir Poutine avait dans la foulée promis "une réponse" de la part de son armée, appelant aussi à "améliorer la sécurité" de l'ouvrage.
Par ailleurs, l'armée russe a annoncé qu'un journaliste de l'agence de presse russe Ria Novosti, Rostislav Jouravlev, avait été tué samedi dans un bombardement ukrainien dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine.
"Des unités des forces armées ukrainiennes ont lancé une attaque d'artillerie contre un groupe de journalistes", "blessant quatre journalistes plus ou moins gravement", a-t-elle accusé.
La diplomatie russe a dénoncé un "crime odieux" prémédité. "Les auteurs du massacre brutal du journaliste russe recevront inévitablement le châtiment qu'ils méritent", a-t-elle affirmé, assurant que "ceux qui ont fourni des armes à sous-munitions à leurs protégés à Kiev partageront également la pleine mesure de la responsabilité".
Egalement sur ces armes controversées, Viatcheslav Gladkov, le gouverneur de la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine et régulièrement la cible de frappes, a accusé Kiev d'avoir bombardé vendredi le village de Jouravlevka avec des armes à sous-munitions.
- Appel Zelensky-Stoltenberg -
Dans le nord-est de l'Ukraine, où les forces de Moscou a légèrement avancé ces derniers jours, un bombardement russe a tué une personnes de 45 ans, blessant un homme de 70 ans, a annoncé le Parquet général ukrainien.
Au-delà de combats toujours intenses, la semaine a été surtout marquée par une escalade verbale concernant la mer Noire, après la sortie de la Russie d'un accord international sur les exportations de céréales ukrainiennes.
Moscou et Kiev ont tour à tour mis en garde les navires navigant sur la mer Noire, avertissant qu'ils pourraient être visés s'ils se dirigeaient vers les ports ennemis.
Samedi, Volodymyr Zelensky a indiqué avoir eu un échange téléphonique avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, sur le "déblocage" du couloir céréalier en mer Noire.
"Nous avons (...) identifié avec M. Stoltenberg les étapes prioritaires et futures nécessaires au déblocage et à l'exploitation durable du couloir céréalier en mer Noire", a indiqué le président ukrainien sur Twitter.