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Les ministres de plusieurs pays européens inquiets du projet de norme automobile antipollution Euro 7 présenté par Bruxelles, en cours de négociations et très contestée par l'industrie, se sont réunis au Parlement européen à Strasbourg à l'initiative de la République tchèque.
Les ministres des Transports de huit pays -- Allemagne, République Tchèque, Pologne, Italie, Slovaquie, Roumanie, Portugal et Hongrie-- ont participé physiquement ou en visio-conférence à cette réunion, a précisé le ministre tchèque Martin Kupka, au cours d'un point de presse.
"Nous nous opposons à la proposition (de norme automobile antipollution) à cause de ses conséquences négatives pour l'industrie et nous demandons à la Commission de la modifier", a-t-il déclaré.
"Cette proposition est irréaliste et contreproductive", a-t-il soutenu, précisant avoir exposé ses arguments au commissaire européen l'Industrie Thierry Breton.
La proposition est farouchement rejetée par les constructeurs. Selon eux, la norme Euro 7 proposée entraînerait un fort renchérissement des prix des véhicules, au risque de plomber encore davantage un marché européen déjà mal en point.
La présidente de la Commission transports du Parlement, Karima Delli, a elle dénoncé un "chantage" exercé selon elle par les pays participants à cette réunion.
"Thierry Breton a proposé un texte, le Parlement européen va faire en sorte qu'il soit plus ambitieux. La Commission ne doit pas retirer sa proposition", a-t-elle affirmé.
L'eurodéputée s'est dite "en colère" face à la manière de procéder des ministres et a fustigé des tentatives de saborder selon elle l'accord sur l'interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique en 2035.
"Un vote est un vote. Il n'est pas possible de rouvrir un texte sur lequel il y a eu un accord", s'est-elle insurgée.
L'Allemagne a bloqué mardi un vote des 27 Etats membres, censé être une formalité, pour entériner cet accord. Le vote a été repoussé sine die, l'Allemagne souhaitant s'abstenir, tout comme la Bulgarie, tandis que l'Italie et la Pologne s'opposaient de longue date au texte --ce qui rendait impossible la majorité qualifiée nécessaire. Berlin réclame notamment des garanties pour ouvrir la voie aux véhicules fonctionnant aux carburants de synthèse, y compris après 2035.
Le sujet a été abordé au cours de la réunion à Strasbourg, a reconnu le ministre tchèque. "L'accord ne peut être renégocié", a-t-il reconnu. "Mais la Commission doit pouvoir trouver des solutions pour des exemptions", a-t-il plaidé.
"Nous n'avons jamais été intéressés par l'organisation d'un mouvement d'opposition, mais par l'obtention d'un soutien pour une bonne réglementation", a pour sa part expliqué le ministre allemand des Transports Volker Wissing (FDP, libéraux) au cours d'une rencontre avec quelques journalistes à l'issue de la réunion.
"Nous voulons parvenir à une ouverture technologique. Nous sommes maintenant la force motrice qui cherche rapidement une solution", a-t-il soutenu.
La technologie des carburants de synthèse, encore en développement, est défendue notamment par des constructeurs haut de gamme allemands, en vue de prolonger l'utilisation de moteurs thermiques.