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Fin des hostilités dans la guerre italo-suisse du chocolat

Le géant suisse Lindt et une quarantaine de chocolatiers artisanaux qui tentent d'obtenir une Indication géographique protégée (IGP) pour le célèbre gianduiotto de Turin, petit chocolat onctueux, ont enterré la hache de guerre, se disant prêts à sceller une entente.

"Nous sommes convaincus que nous pourrons bientôt parvenir à un accord sur la valorisation du gianduiotto en Italie et dans le monde", a commenté Benedict Riccabona, patron de Lindt & Sprüngli Italie, cité jeudi dans un communiqué.

Les objections de Lindt, propriétaire depuis 1997 du fabricant italien Caffarel qui revendique la paternité du gianduiotto, avaient failli faire capoter le projet, bloqué depuis de longs mois au ministère italien de l'Agriculture.

La filiale de Lindt redoutait que la création d'un label européen, "Gianduiotto de Turin IGP", l'empêche de continuer à utiliser sa propre marque, "Gianduia 1865. L'authentique Gianduiotto de Turin".

En outre, Lindt utilise du lait en poudre pour son gianduiotto, une hérésie aux yeux du comité Gianduiotto de Turin, qui prône le retour à la recette originale: 30 à 45% de noisettes grillées du Piémont, au moins 25% de cacao et du sucre.

Or, un compromis s'est dégagé lors d'une réunion cette semaine à Turin entre Caffarel et les entreprises faisant partie du comité: Lindt ne s'opposera pas à la reconnaissance de l'IGP, sans y adhérer, et aura la garantie de pouvoir utiliser sa propre marque, avec sa propre recette.

"C'est une conquête majeure pour les chocolatiers, le territoire et aussi pour Caffarel, car nous sommes convaincus que la reconnaissance de l'IGP entraînera une augmentation des ventes du gianduiotto", a déclaré à l'AFP Antonio Borra, avocat du Comité IGP.

Le comité est déjà à l’œuvre avec le ministère de l'Agriculture pour intégrer les requêtes de Lindt dans la procédure de l'IGP et "garantir la reconnaissance de sa marque historique et la possibilité de continuer à l'utiliser", a-t-il assuré.

Une fois validée par le ministère, l'IGP, qui vise à augmenter la notoriété du gianduiotto et perpétuer la tradition chocolatière de Turin, pourrait être reconnue par Bruxelles "d'ici la fin de l'année", explique-t-il.

Les ventes de ce petit chocolat, qui tient son nom d'une figure du carnaval, Gianduia, symbole de Turin, sont estimées à 200 millions d'euros par an.

Le projet est porté par des maîtres chocolatiers comme Guido Castagna, président du comité, et Guido Gobino, mais aussi des entreprises comme Ferrero, Venchi, Domori et Illy.

bh/glr/LyS

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