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Finances du parti indépendantiste écossais: le mari de l'ex-Première ministre libéré sans poursuites

L'époux de l'ex-Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, Peter Murrell, a été arrêté mercredi dans le cadre d'une enquête sur les finances du parti indépendantiste SNP, avant d'être remis en liberté sans poursuites dans la soirée.

Cette affaire vient porter un nouveau coup au parti national écossais, déjà affaibli après une difficile campagne pour succéder à la charismatique dirigeante, qui a récemment quitté ses fonctions à la surprise générale après huit ans au pouvoir.

Sans nommer Peter Murrell, la police écossaise a annoncé mercredi soir que l'homme de 58 ans qu'elle avait arrêté le matin même dans l'enquête sur les finances du SNP avait été "remis en liberté sans faire l'objet de poursuites en attendant la suite des investigations".

Indiquant avoir procédé à des perquisitions dans plusieurs endroits, la police a ajouté qu'elle transmettrait son rapport au parquet écossais, le Crown Office and Procurator Fiscal Service.

Peter Murrell était jusqu'à la mi-mars directeur général du SNP et avait démissionné de ces fonctions, qu'il occupait depuis 20 ans, en pleine polémique sur le nombre de membres de la formation, durant la campagne interne pour désigner un nouveau leader.

Un important dispositif policier a été déployé au domicile du couple à Glasgow, une grande tente ayant été installée devant la maison.

Les investigations en cours portent notamment sur l'utilisation de dons de 600.000 livres sterling (683.000 euros) collectés ces dernières années en vue d'organiser un nouveau référendum d'indépendance, projet actuellement dans l'impasse face au rejet de Londres. Les médias évoquent également des questions sur un prêt qu'il aurait versé au parti.

Dans un communiqué, le parti a estimé qu'il n'était "pas opportun de commenter une enquête de police en cours mais le SNP coopère pleinement avec l'enquête et va continuer de le faire".

La formation a précisé avoir décidé samedi de revoir sa gouvernance et ses règles de transparence.

Comme son épouse, Peter Murrell a consacré sa vie à la cause indépendantiste. Il a rencontré Nicola Sturgeon lors d'un camp de jeunesse du SNP et ils se sont mariés en 2010.

Leur relation avait suscité des accusations de conflits d'intérêt à la tête de la formation majoritaire au Parlement écossais, plus pressantes pendant la campagne de succession organisée en mars.

Un porte-parole de Nicola Sturgeon a fait savoir qu'elle n'avait "aucune connaissance préalable des actions et des intentions de la police" et qu'elle coopèrerait "pleinement" si l'enquête le demandait, ce qui n'est pour l'heure pas le cas.

- Divisons internes -

Nicola Sturgeon, après huit ans à la tête de l'Ecosse et au total 15 ans à des postes à responsabilité dans l'exécutif local, a annoncé mi-février sa démission à la surprise générale, expliquant manquer d'énergie.

Ses dernières semaines en poste avaient également été marquées par de violentes attaques liées à la loi votée par le Parlement écossais facilitant la transition de genre, à laquelle Londres a opposé son véto.

Le départ de la dirigeante charismatique, qui portait le combat indépendantiste avec détermination, a affaibli le parti, ressorti divisé de la campagne interne qui a abouti à la nomination comme Premier ministre d'Humza Yousaf, 37 ans, la semaine dernière.

Le dirigeant, premier de confession musulmane à la tête d'une des nations constitutives du Royaume-Uni, est considéré comme incarnant la continuité après Mme Sturgeon, avec une ligne progressiste sur les questions sociétales et de gauche économiquement. Mais il n'a remporté que 52% des votes face à la plus conservatrice Kate Forbes.

Il a déclaré sur la chaîne Sky News qu'il s'agissait d'un "jour difficile pour le SNP".

Cette transition à la tête de l'Ecosse intervient alors que le combat pour l'indépendance, un temps relancé par le Brexit et l'impopularité des gouvernements conservateurs successifs à Londres, semble dans l'impasse. La Cour Suprême a rejeté la volonté d'Edimbourg d'organiser un nouveau référendum sans l'accord de Londres, après le vote qui avait abouti à la victoire du "non" à 55% en 2014.

Les indépendantistes voient dans l'indépendance un moyen de rejoindre l'Union européenne. Plus de 60% des Ecossais avaient voté contre la sortie de l'UE en 2016.

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