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Le gouvernement britannique conservateur a tenté d'apaiser la colère sociale grandissante face à la crise du coût de la vie en recevant lundi les syndicats, sans réussir à enrayer les grèves qui durent depuis des mois pour réclamer des hausses de salaires.
Ces discussions marquent une ouverture au dialogue qui contraste avec le ton très dur adopté jusqu'à présent par le gouvernement conservateur. Ce dernier a annoncé préparer une loi pour instaurer un service minimum dans le secteur public pour réduire l'impact des grèves, déclenchant l'ire des syndicats.
"La première chose que nous devons faire est de commencer à discuter correctement", avait concédé le Premier ministre conservateur Rishi Sunak sur la BBC dimanche, interrogé sur la volonté du gouvernement de répondre aux revendications des syndicats.
L'urgence de la crise est palpable, alors que les cheminots poursuivent avec détermination leur mouvement social, après plusieurs grèves durant l'été, à l'automne, avant Noël et la semaine dernière. D'autres débrayages ont lieu dans de multiples secteurs, notamment la santé, où le mouvement est très populaire.
Après avoir rencontré des représentants du puissant syndicat des transports RMT, le secrétaire d’État britannique chargé du rail Huw Merriman a salué des discussions "constructives", sans pour autant que RMT n'annonce un quelconque arrêt de sa mobilisation.
D'autres syndicats ont déploré une "opportunité ratée": "Il est très clair qu'ils (le gouvernement, NDLR) veulent que nos membres donnent plus avant d'étudier [des revalorisations] de salaires", a critiqué Onay Kasab du syndicat Unite.
La situation est notamment critique dans la santé, où les infirmières seront en grève deux jours en janvier, après avoir déjà débrayé en décembre, une première depuis plus de 100 ans.
Les grèves vont "absolument" avoir lieu, a affirmé M. Kasab, se disant "très en colère" après avoir rencontré le ministre britannique de la Santé Steve Barclay, qui n'a présenté selon le syndicaliste aucun projet "détaillé" pour sortir de la crise.
Le système de santé public, le NHS, est à bout de souffle après des années de sous-financement et la pandémie de Covid-19, avec des patients qui attendent des ambulances pendant des heures ou d'être pris en charge aux urgences. Plusieurs hôpitaux ont ouvert des banques alimentaires pour aider leur personnel à faire face à l'inflation.
Médecins et gestionnaires des hôpitaux réclament des mesures immédiates, et le gouvernement a organisé une réunion d'urgence samedi à l'issue de laquelle le Premier ministre a plaidé pour une approche "audacieuse et radicale".
- "Optimisme" -
Dans l'immédiat, avec un taux d'inflation qui frôle les 11% au Royaume-Uni, les infirmières réclament une augmentation de salaire conséquente pour l'année en cours, que l'exécutif a jusqu'ici jugé "inabordable" pour les finances publiques.
Le syndicat Unison -un des principaux syndicats de salariés de la NHS- a souligné des "progrès": "Nous avons réussi à parler de salaires", a affirmé Sara Gorton d'Unison après avoir rencontré le ministre. Mais "nous n'avons pas obtenu les concessions tangibles que nous aurions pu espérer et qui nous permettraient d'annuler les grèves plus tard cette semaine".
Le gouvernement est "concentré sur le processus actuel de revalorisations des salaires" pour l'année fiscale à venir (2023-2024), a fait savoir un porte-parole du gouvernement lundi.
Pour Downing Street, les réunions avec les syndicats lui permettent "de discuter de ce qui se passe en privé, et d'écouter ce que les syndicats ont à dire".
Mais d'autres débrayages menacent : on connaîtra cette semaine le résultat des votes dans les rangs de syndicats d'enseignants sur de futures grèves dans les établissements publics.
"Nous avons fait savoir très clairement au gouvernement que le temps des négociations intensives autour d'une meilleure offre salariale pour cette année est venu", a réagi Mary Mary Bousted, du syndicat de professeurs NEU, après avoir rencontré la ministre de l'Education Gillian Keegan.
"C'est maintenant ou jamais."