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Incendies en Grèce: l'aéroport de Rhodes, un campement improvisé pour touristes désemparés

Travailleurs saisonniers allongés sur des serviettes de plage, vacanciers en maillot de bain affalés sur des chaises: l'aéroport de Rhodes s'apparente lundi à un campement improvisé en raison de l'incendie qui ravage une partie de cette île grecque très touristique.

Dans le hall des départs de l'aéroport international, de nombreux vacanciers, en attente d'un vol pour rentrer dans leur pays, partagent les récits de leur "évacuation dans des conditions cauchemardesques" des hôtels et résidences de vacances où ils séjournaient au bord de la mer Egée.

Parmi eux, Daniel-Cladin Schimdt, un touriste allemand de 42 ans, venu en vacances avec sa femme et leur fils de neuf ans sur la côte de Kiotari, la région du sud-est de cette île du Dodécanèse touchée par les flammes.

"On est épuisés et traumatisés", confie-t-il à l'AFP. "Je crois qu'on ne réalise pas trop ce qu'il s’est passé". Après que l'alarme de l'hôtel a retenti samedi, "on nous a évacués vers la plage", retrace-t-il.

- "Miracle" -

"Il y avait des milliers de personnes, les bus ne pouvaient pas passer, on a dû marcher pendant plus de deux heures (…) On n'arrivait pas à respirer, on s'est couvert le visage pour avancer. C'est un miracle", assure-t-il, saisi par l'émotion.

Face aux côtes de la Turquie, Rhodes, qui a compté 2,5 millions d'arrivées de visiteurs en 2022, est l'une des principales destinations de villégiature en Grèce, avec de nombreux hôtels tout le long de ses côtes orientales.

Samedi et dimanche, quelque 30.000 personnes ont été évacuées préventivement face à l'avancée des flammes, soit l'opération d'évacuation la plus importante jamais réalisée en Grèce, selon les pompiers.

Lundi alors que le feu faisait rage pour le septième jour d'affilée, d'autres zones d'habitations ont dû être évacuées, comme à Asklipio où les cloches du village se sont mises à retentir pour marquer l'ordre d'évacuation.

"Soudain, nous avons vu le feu juste à l'extérieur" du village, a témoigné Giorgos Latos, un retraité de 83 ans, qui buvait alors son café matinal. Giorgos Latos a tenté de fuir dans sa voiture mais a dû rebrousser chemin à cause des flammes.

"Nous vivons un cauchemar (...) J'ai peur pour notre village", a renchéri Eleni Diakogianni, une autre habitante.

A l'aéroport, sandales en plastique, bandanas sur la tête, Audrey et Marylin, qui n'ont pas souhaité donner leur nom de famille, étaient jusqu'à ce week-end des saisonnières nigériannes qui travaillaient dans un hôtel dans un hôtelà Lindos, l'une des principales attractions avec sa célèbre Acropole antique.

- "Aucun plan d'évacuation" -

"On savait qu'il y avait des feux mais ça semblait loin. Et d'un coup tout a changé", témoigne Audrey. "Aucun plan d'évacuation particulier n'a été mis en place", ajoute-t-elle.

Marylin relate les cris et les larmes, la tension envahissant clients et personnel de l'hôtel.

"On a eu trop peur. On est parties par nous-mêmes", assure la jeune femme devant les distributions d'eau et de snacks mises en place par le personnel de l'aéroport.

A l'instar de nombreux rescapés, les deux jeunes femmes se débrouillent seules pour organiser leur retour.

Plusieurs pays européens ont mis en place dimanche soir des permanences consulaires au sein de l'aéroport pour venir en aide à leurs ressortissants.

"Ça s'améliore mais beaucoup d'avions sont pleins donc il faut faire preuve de patience. La situation devrait se normaliser d'ici quelques jours", commente une représentante du consulat de France sur place sous le couvert de l'anonymat.

"Certains tours operators ne répondent pas donc des vacanciers se retrouvent démunis et se tournent vers nous", ajoute la représentante française.

La plupart des hôtels étant complets, des hébergements d'urgence ont été mis en place par les autorités grecques dans des bâtiments publics, espaces culturels et autres gymnases.

Les hôteliers tentent quant à eux de parer au plus urgent.

"On a géré la situation du mieux qu'on pouvait dans cette évacuation gigantesque", explique Manolis Markopoulos, président de l'association des hôteliers de Rhodes. "Tout le monde est sauvé et se trouve aujourd'hui dans des lieux sûrs. Personne n'a faim ni soif", ajoute-t-il.

Les autorités grecques ont intensifié leur politique des évacuations par précaution ces dernières années après l'incendie de Mati en 2018, qui avait fait plus de 100 morts.

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