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Le jour de la consécration est arrivé pour Charles III : le Royaume-Uni se prépare à assister samedi au couronnement de son nouveau roi et de la reine Camilla, lors d'une cérémonie religieuse très solennelle à l'abbaye de Westminster.
La pluie risque de s'inviter mais il en faudrait plus pour décourager les milliers d'admirateurs de la famille royale qui patientent, parfois depuis plusieurs jours, aux abords du Mall, la célèbre avenue qui mène au palais de Buckingham, pour voir passer le couple royal.
La foule rassemblée derrière les barrières est parée aux couleurs de l'Union Jack, le drapeau britannique, imprimé sur des t-shirts, des chapeaux, porté en étendard et fanions.
Phyllis Taylor, 60 ans, à l'élégante robe à fleurs, et son mari Steven 61 ans, costume noir et noeud papillon, sont venus de Glasgow en Ecosse pour "cette occasion très spéciale".
"Nous sommes très enthousiastes, très fiers d'être Britanniques", s'enthousiasme-t-elle. "C'est un grand jour pour le pays, j'ai hâte", abonde Caba Mendes, Londonien de 21 ans, perche à selfie à la main.
Les 2.300 invités - une centaine de chefs d'Etat, représentants de familles royales étrangères, du Commonwealth, mais aussi des membres méritants de la société civile - ont commencé à prendre place à l'abbaye, tandis qu'au palais de Buckingham le balcon d'où le couple royal saluera la foule à l'issue de la cérémonie et assistera à une parade aérienne, a été habillé d'une tenture de velours rouge.
- Unique en Europe -
La cérémonie religieuse anglicane, au rite millénaire, doit commencer à 11H00 locales (10H00 GMT) et durer deux heures. Charles III, 74 ans, y sera acclamé, prêtera serment sur la bible, recevra l'onction et sera couronné, vêtu de lourds manteaux ancestraux de soie et d'or.
Camilla, 75 ans, sa deuxième épouse, sera également bénie et couronnée.
Charles III est devenu roi à la mort de sa mère Elizabeth II en septembre après 70 ans de règne.
Son sacre, unique en Europe, en est la confirmation religieuse.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak, de confession hindoue, y lira un verset biblique. Ses sept prédécesseurs vivants seront là.
Pour prendre en compte la diversité d'un pays où moins de la moitié de la population se dit désormais chrétienne, des représentants des principales religions participeront à l'une des processions.
Le couple royal repartira de l'abbaye dans une procession militaire spectaculaire, à bord du carrosse doré particulièrement inconfortable utilisé pour tous les couronnements depuis 1831.
- Harry seul -
Venu seul de Californie, le fils cadet du roi, Harry, très critique de la monarchie, n'aura aucun rôle actif, pas plus que le prince Andrew, frère du roi, mis sur la touche depuis un scandale sexuel.
Le couronnement coûtera des dizaines de millions d'euros, largement payés par le contribuable.
Alors que les Britanniques souffrent d'une inflation à plus de 10% depuis des mois, le palais a tenu à mettre en balance ces dépenses et "l'énorme coup de pouce" économique d'un événement historique générant "un énorme intérêt mondial".
Certains Britanniques n'en sont pas si sûrs. 72% d'entre eux, selon un sondage YouGov vendredi, n'ont pas l'intention de participer aux festivités de ce long weekend prolongé d'un lundi férié.
Après le couronnement, des repas de voisinage et un concert à Windsor sont notamment prévus dimanche. La journée de lundi est fériée.
Elizabeth II, décédée à 96 ans, était extrêmement populaire. Son couronnement en 1953, à 27 ans, avait suscité une immense liesse.
- Fierté nationale -
Charles III, roi âgé, l'est beaucoup moins, moins apprécié notamment que William et Kate, souvent présents à ses côtés.
Ils l'étaient encore vendredi après-midi lors d'un rapide bain de foule que le souverain s'est accordé devant Buckingham.
La majorité des Britanniques restent pro-monarchie, mais ce soutien s'émousse chez les jeunes.
Les antimonarchistes, inexistants sous Elizabeth II, comptent manifester sur le parcours, notamment à Trafalgar square.
Quelques heures avant le couronnement, le Premier ministre Rishi Sunak a salué dans un communiqué "un moment d'extraordinaire fierté nationale", et la "constance, le dévouement et le service aux autres" de la monarchie.
"C'est une fière expression de notre histoire, de notre culture et de nos traditions", a-t-il dit.
Le couronnement a pourtant relancé le débat sur l'avenir de la monarchie, notamment dans les 14 autres royaumes dont Charles III est chef d'Etat.
Le Belize et la Jamaïque ont déjà fait savoir qu'ils espéraient devenir rapidement des républiques, comme l'avait fait la Barbade en 2021.