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A l'abbaye de Westminster, splendeur et gravité

Une cérémonie grandiose et solennelle, avec quelques touches personnelles: l'abbaye de Westminster a été le théâtre d'une chorégraphie parfaitement orchestrée pour le couronnement du roi Charles III.

Lorsque le roi et la reine arrivent juste avant 11H00 locales (10H00 GMT) à l'abbaye, y ont déjà pris place quelques 2.300 invités.

Parmi eux des têtes couronnées, des dignitaires étrangers dont Jill Biden, l'épouse du président américain, et le président français Emmanuel Macron, des parlementaires et ministres mais aussi des membres de la société civile.

Sont aussi présents de fervents républicains, comme le Premier ministre écossais Humza Yousaf et la cheffe du Sinn Fein nord-irlandais Michelle O'Neill.

Visage grave, le roi de 74 ans remonte l'allée centrale de l'imposante abbaye gothique où se sont déroulées le 19 septembre dernier les funérailles de sa mère Elizabeth II.

L'aîné de ses petits-enfants, le prince George, neuf ans, porte sa lourde traîne aux côtés de trois autres petits pages.

Sur le passage du roi et de la reine Camilla, en robe ivoire brodée de fleurs, les invités s'inclinent ou esquissent une révérence.

Accueilli par un choriste de 14 ans, Charles III déclare solennellement: "Je viens non pour être servi mais pour servir".

Dans la monumentale église un silence respectueux s'installe, tandis que flotte une douce odeur émanant des fleurs issues des quatre coins du Royaume-Uni qu'a choisies le roi, grand amoureux de la nature.

- Moment secret -

Au premier rang ont pris place son fils aîné William, son épouse Kate et leurs deux plus jeunes enfants, Charlotte et Louis, 8 et 5 ans.

Son deuxième fils Harry, en froid avec sa famille qu'il a vertement critiqué, est relégué au troisième rang, sans sa femme et ses enfants restés en Californie.

Il prête ensuite serment sur la Bible.

Puis intervient le moment le plus sacré mais aussi le plus secret de la cérémonie.

Caché des yeux du public par des paravents brodés, Charles III reçoit l'onction d'huile sainte, le Saint Chrême, de l'archevêque de Canterbury Justin Welby.

Il revêt ensuite une tunique en lin blanc, la "Colombium Sindonis", ainsi qu'un somptueux manteau de soie dorée connu sous le nom de "supertunica", des vêtements symbolisant à la fois l'humilité et la splendeur.

Il reçoit les attributs royaux dont la robe royale, l'orbe (un globe en or surmonté d'une croix), deux sceptres.

Puis l'archevêque pose sur sa tête la couronne de Saint-Edouard, prenant bien garde d'ajuster la lourde couronne en or massif sertie de rubis, améthystes et saphirs, pour s'assurer qu'elle ne glisse pas.

- Acclamations et bâillements -

Le roi est couronné et l'assemblée l'acclame de nouveau d'un tonitruant "God Save the king". Au même moment la foule rassemblée dehors sous la pluie pousse des acclamations: pour beaucoup c'est le premier couronnement qu'il leur est donné de voir, soixante-dix ans après celui d'Elizabeth II en 1953.

William, l'héritier du trône, s'agenouille, prête allégeance à son père le roi et dépose un baiser sur sa joue.

Dans le public, plusieurs centaines de personnes récitent eux aussi un serment d'allégeance que tout le pays est invité à prononcer au même moment, une initiative qui a hérissé les moins royalistes.

Après cet hommage, Camilla reçoit l'onction - cette fois aux yeux de tous - puis est couronnée. C'est une reconnaissance pour celle qui a longtemps été conspuée par une partie des Britanniques qui l'accusaient d'avoir brisé le mariage de Charles et Diana.

Après environ deux heures de cérémonie, semblant un peu longue pour son petit-fils Louis, surpris plusieurs fois à bailler, Charles III quitte les lieux, portant sur sa tête l'étincelante couronne impériale d'Etat, avec ses 2.868 diamants.

Tout en respectant avec soin un rituel chargé d'histoire, il y a mis sa touche personnelle, tenant par exemple à impliquer des représentants des cultes musulman, juif, hindou, bouddhiste ou sikh, dans un esprit de dialogue interreligieux.

Il est le 40e monarque à être couronné dans l'abbaye, près d'un millénaire après Guillaume le Conquérant en 1066.

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